Hungry Hearts

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Jude est américain, Mina italienne. Ils se rencontrent à New York, tombent fou amoureux et se marient.
Lorsque Mina accouche de leur premier enfant, elle s'efforce de le protéger du monde extérieur et s'enferme dans une relation fusionnelle avec le nouveau-né.
Par amour pour Mina, Jude soutient sa position jusqu'à ce qu'il prenne conscience de la réalité : son fils ne grandit pas comme il le devrait, et ses jours sont en danger.

Vos commentaires et critiques :

Cela commence par une rencontre hilarante. Un coup de foudre excrémentiel qui restera gravé dans les annales… Comme quoi on ne sait ni le jour ni l'heure où l'amour vous tombe dessus… Cœurs désespérés cessez de l'être ! Même dans les lieux et les circonstances les plus ridicules, si on ne meurt pas de rire, on peut rencontrer l'âme sœur. C'est ainsi que Mina et Jude se trouvèrent. Lui pas vraiment beau, elle pas vraiment belle, mais très charmants à coup sûr, et faits l'un pour l'autre : on dirait presque une chanson à l'eau de rose…

Après s'être dévorés des yeux, les voilà au pieu et partis pour le partager une partie de l'éternité, dans un appartement donnant sur les toits d'un New-York hors du temps, aux multiples facettes… Elle l'italienne à l'air diaphane, légère comme une bulle (Alba Rohrwacher, carrément impressionnante)… Lui l'américain à l'allure singulière, épais comme un adolescent aux airs de doux rêveur indécis et lunaire (Adam Driver, impeccable).

On imagine que le petit couple va suivre une voie proprette et sans encombre. On sent poindre l'idée (pas tout à fait partagée) qu'un rejeton scellerait merveilleusement cette union. Mina n'a pas le temps de dire ouf que le test de grossesse lui confirme la chose : elle est en cloque ! Un petit mariage à la clef pour légitimer le tout ? Allez ! Tant qu'on y est ! C'est l'occasion de rencontrer le reste de la famille, surtout la mère de Jude, Anne (Roberta Maxwell, inquiétante à souhait), un regard mi-fou mi compatissant, une future excellente grand-mère dévouée, qui attire tout à trac les confidences de Mina. Connivence naissante qui n'enthousiasme pas Jude : comme tout grand garçon émancipé, il ne veut pas avoir sa mère dans les pattes… Bref, la noce se passe… Et je crois que c'est là qu'on commence à pressentir que pourraient s'accumuler dans le ciel sans tâche de leur félicité les prémices de petits nuages qui deviendront grands et orageux si le destin leur prête vie…

Et de fait tout chancelle insensiblement, méthodiquement, presque sans bruit. Le comportement de Mina change imperceptiblement, sans vague. Jude est tellement occupé à baigner dans sa mer de bonheur immuable – et accessoirement à beaucoup travailler – qu'il semble à peine remarquer la chose : il pose sur son aimée le même regard qu'un labrador énamouré inconditionnel de sa maîtresse. Il s'inquiète bien parfois de voir Mina fondre, devenir de plus en plus fluette, presque un ectoplasme évanescent. Mais elle lui parle avec une telle assurance calme et douce qu'il gobe tout. Elle le persuade du bien-fondé de sa démarche de végétalienne : elle doit purifier son organisme pour le bébé qu'elle porte… Pas n'importe lequel, une rareté : un enfant indigo… Et on se prend à attendre avec eux, dans leur univers feutré, ouaté, loin des impuretés du monde, l'arrivée du divin enfant. L'harmonie parfaite de leur couple idyllique, après nous être apparue comme suspecte devient dérangeante, insupportable, jusqu'à faire froid dans le dos… Et l'arrivée du bébé ne va faire que confirmer cette impression de profond malaise : Mina devient obsédée par l'idée de protéger son garçon du monde extérieur, progressivement elle s'en retire donc, s'en isole, créant une sorte de bulle irrespirable autour d'eux, excluant presque naturellement Jude…