Birdman TP

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L'acteur Riggan Thomson, has been connu pour avoir incarné un célèbre super-héros, monte une pièce à Broadway autour de son propre personnage dans l'espoir de renouer avec sa gloire passée. Pour se faire, il est soutenu par sa fille,fraîchement sortie d'une cure de désintoxication qui devient son assistante, par une actrice et un producteur farfelu.

Vos commentaires et critiques :

Alejandro Iñarritu (Amours chiennes, Babel, Biutiful, qui remonte déjà à plus de quatre ans) revient au sommet de sa virtuosité et de son énergie avec cette plongée trépidante dans les coulisses d'un théâtre de Broadway où un acteur hollywoodien sur le retour tente un come-back délirant. Dialogues au cordeau, rythme tendu, distribution exceptionnelle et mise en abyme assez étourdissante, Birdman vous hisse sur ses ailes et vous entraîne dans son tourbillon.
Première scène: Riggan (Michael Keaton, époustouflant, dans un des rôles de sa vie avec Beetlejuice et le flic de Jackie Brown), de dos, médite. Sa sérénité est telle qu'il se met à léviter… En contraste avec son calme olympien, la pièce autour de lui est défraîchie, bordélique, symbole d'agitation et de nervosité : c'est une loge de comédien. Riggan fut autrefois une star du cinéma pop-corn, il tente aujourd'hui un revival intello en adaptant pour la scène des textes de Raymond Carver, et il s'est bien entendu réservé un des rôles principaux du futur spectacle qu'il met évidemment lui-même en scène.
C'est un peu sa dernière chance et il a mis dans le projet tous les espoirs qui lui restent, tout son fric, presque toute sa vie. Pour l'instant il reste englué dans sa gloire passée, dépassée, du temps où il jouait un super-héros adulé, Birdman. Quand on le reconnaît dans la rue – c'est de plus en plus rare – c'est de Birdman qu'on lui parle. Quand un journaliste lui demande un interview – tous les 29 Février – c'est pour savoir pourquoi il a refusé, il y a vingt ans, de rempiler pour Birdman 4… Birdman, encore Birdman, toujours Birdman. Il faut dire que lui-même n'arrive pas à se détacher complètement de ce rôle vampire: il est persuadé – à tort ou à raison, à vous de décider – de posséder deux ou trois super-pouvoirs. Comme celui de faire tomber, par la seule force de sa volonté, un projecteur sur le crâne d'un de ses partenaires, cabotin exécrable qui risquait de foutre son spectacle en l'air avec son jeu ampoulé…
Branle-bas de combat suite à ce regrettable « accident » : il faut trouver un remplaçant au débotté, à n'importe quel prix ou presque, au grand dam de Brandon, le producteur de la pièce, binôme pragmatique de l'incontrôlable Riggan. C'est ainsi que Mike (Edward Norton, génial en agité du bocal) entre en scène, brillant, presque trop, qui connaît son Carver sur le bout des doigts, qui affiche d'emblée des envies de tout remanier à sa sauce…
« C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme » chantait Renaud. Avec Birdman c'est pareil. Le film s'impose immédiatement, vous embarque tambour battant et ne vous lâche plus. Car la séquence zen du début est un leurre. Il n'y aura pas de répit, pas de temps mort. Ça avance en permanence, ça bifurque, ça cogne, ça s'agite, ça barde et les acteurs transfusent constamment leurs émotions de la scène aux coulisses et vice-versa, dans un flux continu – le film semble tourné en un unique et vertigineux plan-séquence –, jusqu'à ce que tout fusionne dans un final en apothéose.
Diablement intelligent et redoutablement efficace – tous ceux qui ont aimé le palpitant Whiplash devraient trouver leur bonheur avec le film d'Iñarritu –, Birdman est à la fois un divertissement de haute volée et une étude sans indulgence – on pourra même la trouver cruelle – des travers de ces spécimen particuliers d'humanité que sont les comédiens et les gens de spectacle en général, qui se débattent tant bien que mal avec leurs passions, leurs désirs, leur besoin d'être aimés. Spécimen particuliers sans doute, mais finalement très représentatifs de notre humanité à nous tous…