Jauja

Vous aimez ce film, notez le !
La note moyenne actuelle est de 14,00 pour 2 vote(s)
Un avant-poste reculé au fin fond de la Patagonie, en 1882, durant la prétendue « Conquête du désert », une campagne génocidaire contre la population indigène de la région. Les actes de sauvagerie se multiplient de tous côtés. Le Capitaine Gunnar Dinesen arrive du Danemark avec sa fille de quinze ans afin d'occuper un poste d'ingénieur dans l'armée argentine. Seule femme dans les environs, Ingeborg met les hommes en émoi. Elle tombe amoureuse d'un jeune soldat, et tous deux s'enfuient à la faveur de la nuit. À son réveil, le Capitaine Dinesen comprend la situation et décide de s'enfoncer dans le territoire ennemi pour retrouver le jeune couple. JAUJA est l'histoire de la quête désespérée d'un homme pour retrouver sa fille, une quête solitaire qui nous conduit dans un lieu hors du temps, où le passé n'est plus et l'avenir n'a aucun sens.

Vos commentaires et critiques :

Il y a dans Jauja, le sixième long métrage de l'argentin Lisandro Alonso, l'un des plus beaux plans qu'il nous ait été donné de voir ces derniers mois : en pleine nuit, allongé à même un rocher, perdu en plein désert, son épée posée à côté de lui, le capitaine Gunnar Dinesen (Viggo Mortensen) s'endort sous la voûte céleste. Au fin fond de la Patagonie, alors que se prépare une campagne génocidaire contre les « têtes de coco » qui vivent dans cette région, cet ingénieur danois engagé dans l'armée argentine est parti seul à la recherche de sa fille et du jeune soldat dont elle est tombée amoureuse.

Cet homme qui marche a donc fini par s'endormir. Ses pas l'ont porté sur ce rocher, avant de le conduire, mais il ne le sait pas encore, à un chien immobile, assis dans une flaque d'eau en plein désert. Plus tard, guidé par le chien, il marchera encore, et encore, jusqu'à perdre toute notion du temps et de l'espace et se confondre avec les paysages arides et grandioses qu'il traverse. Impossible alors de ne pas penser à Giacometti.

Écrit en collaboration avec le poète argentin Fabian Casas, Jauja est un film d'une très grande beauté formelle. Principalement constitué de longs plans fixes, format presque carré, c'est une véritable expérience sensorielle – extraordinaire, la bande-son n'est faite que des bruits du vent, d'orage et de pas sur la terre. Que la réalité prenne la forme d'une hallucination, ou que ce soit l'inverse, peu importe : « Un homme n'est pas tous les hommes. » Être ou ne pas être ? « Je ne sais pas », dira le capitaine danois. Très loin de la Patagonie, au Danemark, une jeune fille blonde finira, elle aussi, par se réveiller dans la chambre de son beau château. Quel était donc ce songe d'une nuit danoise ? Une magnifique réflexion sur la puissance évocatrice du cinéma.

Et, soit dit en passant, la énième confirmation du grand talent de Viggo Mortensen. Moustachu, posé sur son cheval en uniforme de cavalier, l'épée au fourreau et un splendide chapeau sur la tête, il fait penser au John Wayne des premiers John Ford. (F. Nouchi, Le Monde)

La légende : les Anciens disaient que « Jauja » était, dans la mythologie, une terre d’abondance et de bonheur. Beaucoup d’expéditions ont cherché ce lieu pour en avoir la preuve. Avec le temps, la légende s’est amplifiée d’une manière disproportionnée. Sans doute les gens exagéraient-ils, comme d’habitude. La seule chose que l’on sait avec certitude, c’est que tous ceux qui ont essayé de trouver ce paradis terrestre se sont perdus en chemin…