Reaching for the Moon

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1951. En manque d'inspiration, la poétesse Elizabeth Bishop quitte New York pour retrouver une ancienne camarade d'université émigrée au Brésil. Là, elle fait la connaissance de l'impétueuse architecte Lota de Soares. Une rencontre qui va redonner vie à sa créativité, mais également réveiller ses vieux démons...

Vos commentaires et critiques :

C'est une histoire d'amour. Unique autant qu'universelle, pleine de doutes, de peurs : celles de ne pas savoir garder l'être aimé, de souffrir, de décevoir… Le genre d'amour qui donne le vertige, tant il semble ne pouvoir qu'évoluer de façon incontrôlable et extrême dès que le premier contact a eu lieu. L'une, Elisabeth Bishop, est poète et commence à avoir une petite renommée, mais une vie chaotique, tourmentée (père mort tôt, mère hospitalisée en hôpital psy, etc.) lui a laissé autant de cicatrices mal refermées, qui en font une sorte de sauvage, repliée sur elle-même et portée sur l'alcool, ayant une perception désastreuse d'elle-même et du monde qui l'entoure. L'autre, Carlotta Costellat de Macedo Soares, dite Lota, est comme son contraire : issue d'une famille riche et puissante, architecte reconnue, sûre d'elle-même, éclatante, gavée, autoritaire, bosseuse, accrocheuse (on peut toujours admirer d'elle le Parc Flamengo à Rio de Janeiro)…

La rencontre improbable de ces deux filles à première vue inconciliables va pourtant très vite aboutir à une relation exclusive, fusionnelle, qui va accélérer leurs vies, les faire évoluer chacune de façon inattendue durant les quinze ans de leur vie commune, où celle qui semblait forte laissera percer une fragilité inattendue et celle qui semblait incapable de s'assumer développera une force insoupçonnée qui la conduira au Pulitzer, et autres signes de reconnaissance qui aboutiront à d'autres rencontres, d'autres amours…

Cette histoire, basée vous l'aurez compris sur des personnages et des faits réels, se passe au Brésil, il est le contexte sensuel, luxuriant de ces amours débordantes et tourmentées : Elisabeth et Lota, Lota et Elisabeth… rien n'est simple entre elles, tout est compliqué, et le paradis sur terre imaginé par Lota vire parfois à l'enfer.

Au début du film, nous sommes dans les années cinquante, puis on perd un peu le sens de la durée, tant le temporel et l'éternel fusionnent, l'obscurité et la lumière se mélangent. Avec ses airs coincés, Bishop était néanmoins très libre d'elle-même sur le plan de la sexualité et ses réticences lors de ses débuts avec Lota viennent moins d'une difficulté à assumer son goût pour les femmes que de la peur que lui inspire cette tornade sûre d'elle qui semble vouloir l'engloutir pour, pense-t-elle, l'abandonner très vite. Et Elisabeth n'a pas envie de souffrir… souffrir mais aussi s'enfermer dans une relation contraignante qui l'étoufferait… « Perds chaque jour quelque chose… dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître… »

 

Nommé aux Oscar et aux Golden Globe dans la rubrique « meilleur film étranger », on croit très fort à cette relation portée par deux femmes superbes, qui donne très envie de lire les écrits d'Elisabeth Bishop : on en trouve des bribes sur internet…