Iranien

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Iranien athée, le réalisateur Mehran Tamadon a réussi à convaincre quatre mollahs, partisans de la République Islamique d'Iran, de venir habiter et discuter avec lui pendant deux jours. Dans ce huis clos, les débats se mêlent à la vie quotidienne pour faire émerger sans cesse cette question : comment vivre ensemble lorsque l'appréhension du monde des uns et des autres est si opposée ?
  • Titre original : Iranien
  • Fiche mise à jour le 12/11/2014
  • Année de production : 2014
  • Réalisé par : Mehran Tamadon
  • Date de sortie : 03 décembre 2014
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Zed
  • Distributeur international : non renseigné
  • Durée : 105 minutes
  • Origine(s) : France Suisse
  • Genre(s) : Documentaire
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 1.78
  • Format son : 5.1
  • Visa d'exploitation : 130212
  • Indice Bdfci :
    66%
  • 6,7/10
    (97 votes)
    Imdb
    3
    3,8/5
    (77 votes)
    Allociné
    3
    7/10
    (111 votes)
    Senscritique
    3.5

Vos commentaires et critiques :

Le bon et les méchants

Dans Bassidji, son premier et déjà remarquable long métrage documentaire, Merhan Tamadon, cinéaste iranien expatrié entre la France et la Suisse, baroudeur des idées et cinéaste à la fois imaginatif et rigoureux, choisissait d'aller à la rencontre des Bassidji, ces gardiens de la révolution, héros un temps de l'effroyable guerre Iran/Irak et désormais gardiens surtout des mœurs, voiles mal ajustés, comportements prétendument licencieux qu'ils repèrent dans leurs quartiers respectifs en dénonciateurs minables et zélés.

La démarche de Tamadon dans son nouveau film, ce formidable Iranien, c'est de regarder bien en face son pire ennemi et de l'inviter à passer un week end avec lui ! Il a fallu à notre téméraire cinéaste, athée revendiqué, des mois et des mois d'âpres négociations pour réussir à convaincre quatre religieux, soutiens du régime des mollahs, de passer deux jours en sa compagnie dans une maison où un espace commun, le salon en l'occurrence, sera réservé à une discussion à bâtons rompus (l'expression est sans référence aux brutalités subies par les opposants au régime) sur les sujets les plus divers, librement abordés et qui ont donc toutes les chances de diviser le réalisateur et ses invités. Une expérience stupéfiante où vont être discutés par exemple le rapport des femmes à leurs corps et leur position face au port du voile, la frontière entre sphère publique et privée, la limite où s'arrête la liberté de chacun afin qu'elle n'affecte pas celle de l'autre, et plus largement la notion occidentale ou orientale de démocratie… Vaste arène où chacun va tenter de convaincre le camp adverse ou du moins de l'amener à entendre son point de vue…

Tout ça pourrait paraître rébarbatif mais c'est tout le contraire ! C'est passionnant car chacun des protagonistes est un vrai personnage de cinéma et le huis-clos devient un thriller psychologique palpitant : l'un est un gentil qui semble paniqué à l'idée d'aborder les choses ayant trait à la sexualité, l'autre se distingue surtout par son goût pour la bonne chère, des repas conviviaux entre meilleurs ennemis ponctuant les débats, et puis il y a le principal adversaire de Mehran, un vrai méchant au regard perçant et à la barbe méphistophélique, au rire sardonique et à la rhétorique ou plutôt la sophistique implacable, pouvant faire dire aux faits une chose et son contraire, finissant par conclure que Mehran est un fasciste, puisqu'il tente d'imposer son idéologie républicaine ! Il faut reconnaître que le bougre sait faire le show, fait semblant d'être compréhensif, roule des yeux et s'enflamme soudain en comédien d'opérette sûr de ses effets. Mais tout aussi extraordinaire est Mehran Tamadon lui-même, qui ne rentre pas dans le jeu, ne se scandalise de rien, se contente de sourire, répond à tout et pousse toujours un peu plus son interlocuteur dans ses retranchements, jusqu'à ce qu'il esquive, prenant son téléphone pour signifier son dédain. Et le spectateur suit ces échanges comme un match de haut niveau, la dialectique est vraiment un sport de combat !