Crosswind - la croisée des vents - -12

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Le 14 juin 1941, les familles estoniennes sont chassées de leurs foyers, sur ordre de Staline. Erna, une jeune mère de famille, est envoyée en Sibérie avec sa petite fille, loin de son mari. Durant 15 ans, elle lui écrira pour lui raconter la peur, la faim, la solitude, sans jamais perdre l'espoir de le retrouver. «Crosswind» met en scène ses lettres d'une façon inédite.
  • Titre original : Risttuules
  • Fiche mise à jour le 27/04/2015
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
  • Année de production : 2013
  • Réalisé par : Martti Helde
  • Acteurs principaux : Laura Peterson, Tarmo Song, Mirt Preegel
  • Date de sortie : 11 mars 2015
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : ARP Sélection
  • Distributeur international : Deckert Distribution
  • Durée : 87 minutes
  • Origine(s) : Estonie
  • Genre(s) : Drame
  • Pellicule : noir et blanc
  • Format de projection : 2.20 format scope
  • Format son : Stereo 5.1
  • Visa d'exploitation : 141764
  • Indice Bdfci :
    66%
  • 7,8/10
    (724 votes)
    Imdb
    3.5
    3,7/5
    (227 votes)
    Allociné
    3

Vos commentaires et critiques :

Attention: chef d’œuvre

Ce film étonnant est un double choc : un choc historique et un choc esthétique.

Historique : il met en lumière ce que peu d'Européens savent, alors même que l'Estonie a récemment intégré l'Union. Ce petit état balte a connu un drame qu'on peut apparenter à un génocide, causé non par les Nazis, qui occupèrent l'Estonie à partir de la fin de 1941, mais par le grand voisin soviétique, à l'époque dirigé d'une main de fer par Staline. L'histoire de l'Estonie est, il faut le dire, complexe et chaotique : indépendante en 1918 à l'issue d'une guerre qui a vu les Estoniens affronter à la fois les Allemands et la nouvelle Armée Rouge, elle est occupée en 1939 par la Russie, sinistre cadeau à Staline dans le cadre du célèbre pacte de non-agression germano-soviétique. Et c'est dans ce contexte, alors que montent les tensions entre les Allemands – qui se sont déjà lancés dans la guerre à l'Ouest – et les Soviétiques, que Staline, totalement paranoïaque sur les intentions du peuple estonien, va procéder à sa déportation massive : plusieurs milliers d'hommes considérés comme opposants seront arrêtés et souvent rapidement exécutés, des dizaines de milliers seront enrôlés de force dans l'Armée Rouge et des dizaines de milliers de femmes et d'enfants rejoindront, après des jours de train dans des conditions horrifiques, les camps de travail en Sibérie. Ce qui est terrible, c'est que cette horreur ne s'arrêtera pas au lendemain de la guerre, Staline se vengeant de la collaboration d'une partie des Estoniens avec l'occupant nazi en renforçant sa politique de déportation.

Esthétique : le jeune réalisateur estonien Matti Helde transmet de manière particulièrement originale cet épisode tragique de l'histoire de son pays. Marqué par la déportation de son propre grand père, il a retrouvé les lettres d'une femme à son mari déporté. Helde en a tiré la trame du récit d'Erna, une jeune mère de famille qui est envoyée en Sibérie avec sa jeune fille Ellide. Dans ses lettres, la femme disait qu'elle se sentait comme figée dans son lieu de déportation alors que son âme semblait être restée en Estonie. Le réalisateur l'a prise au mot et a créé un dispositif saisissant, utilisant de magnifiques et impressionnants tableaux figés où parfois des centaines de figurants se sont immobilisés, ce qui a nécessité des mois de préparation et un travail de titan pour chaque plan. Au milieu de ces figures statufiées, la caméra se glisse pour de longs plans séquences tout à fait impressionnants, comme cette scène subjuguante d'embarquement des déportés dans les wagons à bestiaux. Puis ce sera quelques autres scènes inoubliables, comme ce cimetière improvisé au milieu des bouleaux sibériens entre lesquels sont enterrées les nombreuses victimes trop fragiles pour supporter ces conditions extrêmes, en premier lieu les enfants.

D'abord déstabilisant, puis fascinant, le dispositif traduit en quelques tableaux, mieux qu'un récit classique, les différentes étapes de la vie d'Erna, entre révolte, résignation puis espoir, tout le long de son exil, de 1941 à la fin des années 1950.