Foxcatcher -12

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Inspiré d'une histoire vraie, FOXCATCHER raconte l'histoire tragique et fascinante de la relation improbable entre un milliardaire excentrique et deux champions de lutte.
Lorsque le médaillé d'or olympique Mark Schultz est invité par le riche héritier John du Pont à emménager dans sa magnifique propriété familiale pour aider à mettre en place un camp d'entraînement haut de gamme, dans l'optique des JO de Séoul de 1988, Schultz saute sur l'occasion : il espère pouvoir concentrer toute son attention sur son entraînement et ne plus souffrir d'être constamment éclipsé par son frère, Dave. Obnubilé par d'obscurs besoins, du Pont entend bien profiter de son soutien à Schultz et de son opportunité de 'coacher' des lutteurs de réputation mondiale pour obtenir - enfin - le respect de ses pairs et, surtout, de sa mère qui le juge très durement (Vanessa Redgrave).
Flatté d'être l'objet de tant d'attentions de la part de du Pont, et ébloui par l'opulence de son monde, Mark voit chez son bienfaiteur un père de substitution, dont il recherche constamment l'approbation. S'il se montre d'abord encourageant, du Pont, profondément cyclothymique, change d'attitude et pousse Mark à adopter des habitudes malsaines qui risquent de nuire à son entraînement. Le comportement excentrique du milliardaire et son goût pour la manipulation ne tardent pas à entamer la confiance en soi du sportif, déjà fragile. Entretemps, du Pont s'intéresse de plus en plus à Dave, qui dégage une assurance dont manquent lui et Mark, et il est bien conscient qu'il s'agit d'une qualité que même sa fortune ne saurait acheter.
Entre la paranoïa croissante de du Pont et son éloignement des deux frères, les trois hommes semblent se précipiter vers une fin tragique que personne n'aurait pu prévoir...

Vos commentaires et critiques :

L'intrigue va en dérouter plus d'un, surtout ceux qui s'attendent à voir de la lutte… En fait le sport n'est qu'une toile de fond. Même si pour les protagonistes il est tout. L'enjeu d'une vie, d'une reconnaissance ou d'une domination… La lutte n'est ici que le socle d'un thriller psychologique tendu, complexe, même s'il faut saluer bien bas les acteurs qui ont réussi cet exploit admirable de restituer des scènes de combat dignes des plus grands lutteurs mondiaux. Channing Tatum et Mark Ruffalo ont travaillé des mois sous la houlette d'entraîneurs olympiques, afin de coller à leurs personnages, les frères Schultz, Mark et Dave, qui furent tous deux champions du monde. Et c'est là une des grandes qualités du film : rien n'est laissé au hasard. C'est une fiction tirée au cordeau, exigeante, où le moindre détail a été passé au crible de recherches dignes du journalisme d'investigation. La même rigueur que le réalisateur Bennet Miller avait déployée pour ses précédents films (Truman Capote en particulier).

L'action se situe dans un temps, les années80, où l'on pouvait encore mettre un visage sur les grands de la finance internationale. On les regretterait presque, à l'heure où tout s'emballe, où les actions ne restent qu'une poignée de secondes entre les griffes de groupes anonymes, pouvoir sans tête impossible à décapiter s'il fallait faire la révolution. Les du Pont de Nemours du moins avaient un nom, une épopée familiale de fabricants d’armes qui les conduisit au sommet d'une fortune colossale. Et en bout d'arbre généalogique voici qu'apparaît John Éleuthère du Pont. Grand héritier capricieux, appartenant à une race presque romanesque en voie d'extinction, une queue de comète, une fin de lignée, comme pouvaient l'être ces rois atteints de la maladie du sang bleu. Les réalités du commun des mortels sont inaccessibles à celui qui n'a jamais dû se battre pour obtenir quoique ce soit. Posséder plus que de raison le confine dans un mortel ennui, qu'il essaie de tromper au fil de ses entichements futiles autant qu'éphémères. Sa vie insatisfaite n'est qu'une accumulation frénétique, un bric-à-brac luxueux où le flou de son cerveau ne fait pas le distinguo entre les objets, les hommes, les hommes objets, dociles, serviles devant le Veau d'or. Collectionner des petits trains ou faire œuvre de charité ? C'est du pareil au même, des hobbies pour tuer le temps, des ersatz de passions aussi vite oubliées qu'il s'y est engouffré. La nouvelle lubie en date ? Coacher les meilleurs lutteurs américains, gagner la coupe du monde à travers eux, redorer le blason de sa patrie et, par procuration, le sien… Il se voit à leur tête, les maîtrisant, forçant leur admiration, celle des foules, des autres hommes, ayant accompli un exploit à tout jamais gravé dans les annales familiales. Rien que ça ? Sa fortune colossale lui permet toutes les extravagances, pourquoi pas celle-ci.

Et le voilà qui s'emballe, se met à collectionner les athlètes comme autant de soldats de plomb. Il lui faut les meilleurs pour intégrer son centre d'entrainement de luxe baptisé « Foxcatcher ». Et ses plus belles pièces sont Mark et Dave, deux frères, le second est l'entraîneur du premier, son mentor, son tout. Entre eux une relation fusionnelle, exaltante, envahissante, heureuse et douloureuse. Une osmose qui résonne fort pour le fils Du Pont né dans la soie mais pas dans la joie, écrasé par le poids des milliards et d'une mère omnipotente, méprisante. Enivré par le luxe de la propriété immense qu'on rejoint en hélicoptère, Mark voit là l'accomplissement d'un rêve. Dave voit son frère qui lui échappe, John Éleuthère rêve de ressembler à Dave…

La suite ? Vous verrez ! Voilà bien en place les ingrédients d'un cocktail explosif. La rencontre de créatures mi- touchantes, mi- monstrueuses, aux sens atrophiés à force d'avoir vécu dans des cages dorées, surprotégés. Capables de tout sauf de ce pas libérateur vers leur émancipation, pourtant à portée de pied…