Sauver ou périr TP

Franck est Sapeur-Pompier de Paris. Il sauve des gens. Il vit dans la caserne avec sa femme qui accouche de jumelles. Il est heureux. Lors d’une intervention sur un incendie, il se sacrifie pour sauver ses hommes. À son réveil dans un centre de traitement des Grands Brûlés, il comprend que son visage a fondu dans les flammes. Il va devoir réapprendre à vivre, et accepter d’être sauvé à son tour.

Vos commentaires et critiques :

Il est beau gosse et il a tout ce dont chacun rêve : l'amour, l'amitié, un boulot qui a du sens, mieux… c'est une passion, quasi un sacerdoce qui lui confère une aura qui se lit dans le regard des autres… y compris celui de sa jolie femme qui vient de lui apprendre qu'ils vont avoir des jumelles. 
Il avait dix huit ans quand il s'est engagé dans le corps des sapeurs pompiers de la ville de Paris, encore incertain et fragile… « J'aimais l'idée que ce métier puisse me rendre fort, invincible »… Il a bossé dur, avec une soif de vivre et de réussir qui a mangé tout son temps : servir, sauver, devenir ce héros sans faiblesses en qui ses coéquipiers peuvent avoir une confiance absolue. Obnubilé par cet idéal au point de ne pas voir que sa douce étouffe un peu dans le logement de fonction qu'il occupe dans la caserne suite à sa récente promotion : pas vraiment fastoche de vivre au quotidien avec un héros, avec toujours ce sentiment latent d'inquiétude qu'elle a du mal à cacher chaque fois qu'il doit partir en urgence, l'entrainant dans des choix de vie qui ne sont pas tout à fait les siens.
Mais le beau conte de fées va être pulvérisé lors d'une intervention de sa brigade sur un feu terrible…
Dans la chambre stérile pour grand brûlés où il émerge de son coma, Franck réalise peu à peu qu'il ne sera plus comme avant, sa belle gueule est méconnaissable, il lui faut réapprendre dans la douleur des gestes qui ne vont plus de soi, les regards sur lui ont changé et les rôles se sont inversés : le sauveur est devenu le sauvé et il doit endosser de devenir celui qui accepte d'être aidé. L'esprit de corps qui le soudait à ses camarades, les élans de solidarité qui les galvanisaient, il les perçoit aujourd'hui du côté de celui qui a besoin, dans un renversement des forces qui le plonge dans un désarroi proche du désespoir. Il se voulait fort, il se découvre faible, et doit apprendre à s'aimer tout de même pour arriver à gagner à nouveau l'amour des autres dont il était si sûr et qui ne savent plus eux-mêmes s'ils vont aimer encore celui qui sort de cette épreuve-là. Il se croyait perdu et ce sont les autres qui vont le sauver à son tour, l'aidant à se trouver lui-même, à se reconstruire une identité et donner une nouvelle chance à cette histoire d'amour qui ne coule plus tout à fait de source.
Que devient la vie quand on doit la gagner sur le terrain de la souffrance physique aussi bien que morale, jour après jour, sans jamais renoncer, trouver en soi l'humilité nécessaire pour ne pas refuser l'indispensable main tendue ?
Si l'histoire d'amour est belle, si le héros est attachant, si le talent de Pierre Niney et Anaïs Demoustier donne aux personnages leur photogénie, leur épaisseur, leur romanesque, le film nous plonge dans une vision quasi sociologique de ceux qui, constamment dans l'urgence, sont conduits par leurs interventions au cœur de la souffrance de tous, riches ou pauvres, inconnus ou célèbres, étrangers ou bien « d'cheu nous »… Un film qui raconte une histoire d'amour, une histoire de vie qui en basculant nous rappelle qu'il peut en être de même pour tous et que sans la compréhension et la solidarité des autres humains, on ne pèse pas bien lerche.