Tale of Tales TP

Il était une fois trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, une reine obsédée par son désir d'enfant... Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile.

Vos commentaires et critiques :

 

SPÉCIAL CANNES

Tellement obnubilée par le vent coquin sur la montée des marches, la presse cannoise n'a pas su défendre ce merveilleux film comme il le fallait. C'est dommage.

C'est un grand plaisir, à la fois naïf et sophistiqué, que nous apporte ce film qui met en avant le récit, le conte, l'imaginaire. Une vision baroque et onirique d'un monde fantasmé mais qui traite de sujets ô combien réels : l'apparence, la maternité, le désir, l'orgueil… Révélé au grand public par sa plongée saisissante dans la mafia napolitaine avec Gomorra, l'étonnant réalisateur italien Matteo Garrone délaisse le réalisme social dont il a l'habitude pour s'attaquer à une adaptation libre d'un fameux recueil de contes napolitains datant du début du XVIIe siècle. Constamment drôles voire burlesques, ces fables fantastiques nous rappellent naturellement certains films de Pasolini ou de Fellini, même si elles sont racontées en langue anglaise, distribution internationale oblige.
Par ailleurs le film est d'une grande beauté, d'une riche invention visuelle, et on se réjouit en cours de vision d'avoir l'occasion de changer d'air, de larguer les amarres du réalisme et de s'embarquer dans un univers d'heroic fantasy, un monde médiéval où se côtoient sorcières, fées, monstres redoutables, ogres, saltimbanques et courtisan(e)s. Le réel et le fantastique se mêlent pour mieux conter les sentiments humains poussés à leur paroxysme. Les fans penseront bien évidemment à la série Game of thrones, mais les contes de Basile ici adaptés ont aussi grandement influencé Perrault, les frères Grimm et même Tolkien…
Il était une fois trois royaumes voisins où, dans de merveilleux châteaux, régnaient rois et reines, princes et princesses. Il était une fois la Reine de Selvascura, possédée par une seule obsession : avoir un enfant. Le bon roi, incapable de la combler et suivant les conseils d'un étrange oracle, décide d'aller tuer un monstre marin et de ramener son cœur : la prédiction dit que si la reine le mange, elle est assurée d'avoir enfin ce qu'elle désire plus que tout au monde. Il était une fois le Roi de Roccaforte, un libertin qui fornique avec toutes les filles du royaume. Seul un coup de foudre amoureux pourrait calmer sa frénésie sexuelle… Il était une fois le Roi d'Altomonte, qui se prend d'amour pour une étrange créature et délaisse complètement sa fille unique. Jusqu'au jour où il faut bien la marier à l'un de ses nombreux prétendants…
Les récits s'enchevêtrent, se télescopent et forment une œuvre foisonnante et baroque… La grande réussite du film est de rendre crédible cet univers hors du temps grâce à la somptuosité des décors et des costumes, grâce à la musique et à la beauté picturale saisissante de la photographie. La distribution internationale est également impeccable : Salma Hayek inquiétante au possible en reine obsédée par sa progéniture, ou encore Vincent Cassel, très drôle en roi lubrique et libidineux, façonnent des personnages sur mesures pour ce Conte des contes. On ne cite pas les autres comédiens, mais ils sont tous au diapason.