Microbe et Gasoil -12

Microbe est un enfant timide, souvent plongé dans ses dessins. Gasoil, garçon inventif et déluré, est parachuté en cours d'année dans sa classe. Immédiatement une amitié profonde se noue entre eux. Alors que les grandes vacances approchent, les deux amis n'ont aucune envie de passer deux mois avec leur famille. À l'aide d'un moteur de tondeuse et de quelques planches de bois, ils se mettent à fabriquer leur propre « voiture » et partent à l'aventure sur les routes de France...

Vos commentaires et critiques :

Voilà un film jubilatoire qui arrive à point nommé en ce début d'été, un film à voir tout seul ou à deux ou à plusieurs, à voir en famille, composée, recomposée, décomposée. Un film qui devrait rassembler toutes les générations par sa tendresse, son intelligence, sa fantaisie, sa foldinguerie. Un film qui donnera envie aux ados débutants de profiter des vacances pour s'affranchir un peu de leurs parents et aux parents inquiets de nature de les laisser faire en toute confiance.

Aux commandes de ce film qui fait du bien, l'imprévisible et follement talentueux Michel Gondry. Il est libre, Michel. Jamais là où on croit pouvoir l'attendre, toujours surprenant, toujours inventif, toujours prêt à se lancer et à nous embarquer avec lui dans la grande ou la petite aventure… Ici c'est celle de deux collégiens, deux titis versaillais formidablement attachants. Microbe a quatorze ans, si on l'appelle comme ça c'est parce qu'il est évidemment plus gringalet que la moyenne, ce qui forcément le rend timide et peu conquérant avec les filles… En plus de ça, il doit se coltiner une maman un poil dépressive, décidément trop gentille et trop affectueuse (l'hilarante Audrey Tautou), adepte de gourous bidon, traînant régulièrement son fiston à des soirées mystiques dont il se passerait bien. Il est aussi affublé d'un frère aîné, punk, qui fait de son univers sonore un enfer sur terre. Microbe tente de tout oublier dans le dessin et la rêvasserie, ce qui n'est guère compatible avec les bons résultats scolaires.

Et puis un jour débarque dans la classe un nouveau, très vite surnommé Gasoil parce qu'il a souvent les mains dans le cambouis. Avec son père mi antiquaire-mi ferrailleur, sa mère mégère et son blouson sorti tout droit de Thriller de Michael Jackson, il détonne dans le collège propret. Entre les deux garçons pas franchement intégrés, pas franchement populaires pour ne pas dire têtes de Turc, l'amitié va être immédiate, au point d'envisager un rêve fou entre le dessinateur et le bricoleur : construire, avec des matériaux de récup et un moteur de tondeuse, un mini mobil-home pour partir en vacances sur les routes de France… Et ils vont passer à l'acte !

Inspiré d'un projet d'enfance réel – bien qu'inabouti – de Michel Gondry (qui fut lui-même collégien versaillais fils de parents hippies), le film passe de la chronique familiale et scolaire drôlatique au film d'aventures réjouissant. Microbe et Gasoil est délicieusement atypique et un peu hors du temps, l'exact contraire d'un film « branché ». Les deux ados – qui sont allergiques à la technologie et s'expriment de manière assez châtiée, ce qui crée un décalage assez désopilant – vont croiser lors de leur périple un couple de dentistes possessif en mal d'enfants, une équipe asiatique autant que patibulaire de football américain, des masseuses thaïlandaises qui peuvent être coiffeuses… tout ça jusqu'au Morvan. On passe vraiment un merveilleux moment, vivifiant, rafraichissant, avec ce petit bijou d'invention bricoleuse et d'humour décalé, illuminé par deux jeunes acteurs épatants, Ange Dargent et Théophile Bacquet.