Épilogue -12

Hayuta et Berl, un couple de personnes âgées, ont du mal à s'habituer à l'Israël moderne et aux changements sociaux qui les entourent. Après des années de bataille, ils se refusent à abandonner leurs rêves communs et leur projet révolutionnaire de construire un État-providence en Israël. Au cours d'une nuit douloureuse de désillusions, le couple décide de quitter son appartement pour un dernier voyage.

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Berl, 84 ans, et Hayuta, 80 ans, vivent à Tel Aviv dans leur appartement. Du fait de leur grand âge, ils doivent subir un contrôle de la sécurité sociale, supposée évaluer leur niveau de dépendance. Leur maintien dans leur appartement est en balance...

Après des années de lutte, ces deux-là refusent d’abandonner leurs rêves communautaires et leurs plans révolutionnaires pour construire un Etat-Providence en Israël. Au cours d’une nuit de douloureuse désillusion, ils décident ensemble de mettre fin à leurs jours, afin de mettre un terme aux souffrances physiques et morales qui remplissent leurs vieux jours.

Les expériences du réalisateur en tant que journaliste et éducateur l’ont mené progressivement à ressentir un sentiment grandissant de déception envers la nouvelle société israélienne et Épilogue est l’expression de cette désillusion incarnée à l’écran par les personnages d’Hayuta et Berl.

Leur histoire personnelle fait une avec l’histoire de la société qui a renoncé à ses valeurs originelles et a l’idéalisme qui a mis sur pieds ses institutions, pavé ses routes et construit ses édifices (et) qui a pris la vie de plusieurs dizaines de pionniers morts de faim et de maladie, en sacrifiant leur vie pour l’établissement de l’Etat israélien, a déclaré le réalisateur aux Venice Days.

Les personnages d’Hayuta et Berl, interprétés par Rivka Gur et Yosef Carmon, sont librement inspirés des grands-parents défunts de Manor, appartenant à la génération de pionniers qui espéraient construire un autre modèle de société pour le peuple juif, dans les années cinquante.

« Un jour, alors que j’étais en train d’écrire, ma grand-mère s’est assise près de moi et, en un moment d'honnêteté très émouvant, m’a avoué que sa plus grande douleur était de se sentir inutile, transparente et marginale. Elle m’expliqua que depuis que la valeur économique était le seul critère déterminant la présence, le pouvoir et la valeur de l’individu, elle était devenue une composante marginale du tissu social. La valeur personnelle, construite par des années d’expérience de  vie, par des années de don de soi et d’actions pour la société, en contribuant et en créant, n’a plus aucun sens dans le nouveau monde de l’objectification économique. »