La Flor, partie 2 TP

2ème partie.

'La Flor' cambriole le cinéma en six épisodes.
Chaque épisode correspond à un genre cinématographique.
Le premier est une série B, comme les Américains avaient l'habitude d'en faire.
Le second est un mélodrame musical avec une pointe de mystère.
Le troisième est un film d'espionnage.
Le quatrième est une mise en abîme du cinéma.
Le cinquième revisite un vieux film français.
Le sixième parle de femmes captives au 19e siècle.
Mon tout forme 'La Flor'.
Ces six épisodes, ces six genres ont un seul point commun : leurs quatre comédiennes.

D'un épisode à l'autre, 'La Flor' change radicalement d'univers, et chaque actrice passe d'un monde à l'autre, d'une fiction à un autre, d'un emploi à un autre, comme dans un bal masqué.
Ce sont les actrices qui font avancer le récit, ce sont elles aussi qu'au fur et à mesure, le film révèle. Au bout de l'histoire, à la fin du film, toutes ces images finiront par dresser leurs quatre portraits.

Vos commentaires et critiques :

Tel un serpent de mer, la fiction protéiforme et borgésienne de La Flor revient sur les écrans pour prolonger les aventures endossées à tour de rôles par les quatre actrices de la troupe théâtrale « Piel de Lava » (Elisa Carricajo, Valeria Correa, Pilar Gamboa et Laura Paredes), réunies devant la caméra généreuse de l’Argentin Mariano Llinás. Cette seconde partie regroupe les deux premiers actes de l’épisode 3, le plus long et ambitieux du projet (une véritable « flor dans la flor »), sous forme d’un tortueux récit d’espionnage dont le cinéaste ouvre scrupuleusement tous les tiroirs, contenant à chaque fois d’insoupçonnables trésors d’invention.
On retrouve cette fois nos quatre actrices dans la peau de tueuses assermentées, se détournant soudainement de leur mission pour conduire un otage, le professeur Dreyfuss, vers un aéroport abandonné. Trahi, leur chef Casterman envoie à leurs trousses un second commando féminin pour les éliminer. Pendant ce temps, chacune des rebelles se remémore son passé : l’une, muette, fut recrutée à Londres pendant ses études et amenée à infiltrer de proches conseillers de Margaret Thatcher ; une autre, grandie parmi les guérilleros d’une jungle sud-américaine, fut transformée en mercenaire sanguinaire à la solde des services secrets américains.
Avec ce nouvel épisode, La Flor gagne en ampleur romanesque, multipliant les territoires et les continents (Amérique du Sud, Europe, Sibérie), se gonflant d’une pluralité de langues étrangères (le français est ici décrété langue officielle des services secrets). L’argument de l’espionnage engage surtout une dialectique du secret que Mariano Llinás exploite à plein régime, chaque zone d’ombre autour d’un personnage pouvant recouvrir un nouveau récit.
L’usage répété des flash-back et de la voix « off », mais aussi de cadres plus amples que dans les épisodes précédents, permet à la fiction de se déployer dans toutes les dimensions du temps et de l’espace. Ivresse souveraine de la fiction en roue libre où La Flor déniche l’essentiel de sa matière poétique, dans cette impression merveilleuse que les histoires sont là pour conjurer et racheter la réalité.

À suivre...