Cannes 2016 bilan et impressions

23/05/2016 à 12:11, B.G

 

Les films et le palmarès

On retiendra de cette 69è édition un excellent choix de films dans la compétition officielle, pratiquement que des bons films, dont le jury, excellent jury cette année, a dû départager pour nous offrir un palmarès qui renoue avec la tradition cannoise en revenant à ses fondamentaux, consacrant des cinématographies un peu boudées par le grand public, certes un peu moins en France, mais quand même. Certains s’offusqueront de la palme d’or attribuée à Ken Loach, mais si on n’a pas vu tous ses films, ce qui était peut être le cas du jury, il est difficile de faire autrement. Le cinéaste, bien que déjà consacré ici à Cannes, reste malgré tout un grand sinon le plus grand, du cinéma d’auteur britannique, alors ne faisons pas la fine bouche.
Le festival débute par un Woody Allen au mieux de sa forme avec l’élégantissime CAFÉ SOCIETY en ouverture. On s’embête pas à chercher la petite bête, c’était une valeur assurée. Et puis ce fut l’enchaînement de films (certains drôles cette année, MA LOUTE, ELLE, même si pour celui-ci c’était plutôt incongru), mais dans l’ensemble des films au réalisme social bien ancré dans nos sociétés d’aujourd’hui.
LE CLIENT de l’iranien Asghar Farhadi, prix du scénario et prix d'interprétation masculine pour Shahab Hosseini place le cinéma iranien sur le devant de la scène, c’est très bien.



Le Grand prix à JUSTE LA FIN DU MONDE de Xavier Dolan, chaque année où il présente un film, le très attachant cinéaste québécois de 27 ans repart avec un prix. C’est en larmes et en rendant un hommage à Jean-Luc Lagarce, auteur de la pièce dont fut tiré son film, mort du sida en 1995, que Xavier Dolan bouleversa le public.



Cristian Mungiu le cinéaste roumain qui lui aussi quand il vient à Cannes ne repart jamais bredouille, 4 mois, 3 semaines, 2 jours, palme d’or en 2007, et prix du scénario pour son film Au-delà des collines en 2012, excusez du peu, s’octroie ici le Prix de la mise en scène ex-æquo avec Olivier Assayas grâce à son BACALAUREAT, magnifique, à quand une rétrospective de ses films à Paris tant ce cinéaste mérite d’être connu et reconnu.
Olivier Assayas également prix de la mise en scène malgré la contestation du public pendant la projection de presse, j’y étais et cela m’a semblé injuste, grâce à son PERSONAL SHOPPER, thriller fantastique, a dérouté certains mais le fantastique a toujours eu mauvaise presse à Cannes.



Un prix d'interprétation féminine pour Jaclyn Jose dans MA' ROSA, là aussi c’est bien de ne pas récompenser toujours les mêmes, le sulfureux cinéaste philippin Brillante Mendoza lui offre un merveilleux cadeau avec ce rôle de cette commerçante particulière de Manille où la pauvreté engendre la corruption.



Le Prix du Jury est allé à Andrea Arnold pour AMERICAN HONEY  troisième film présenté à Cannes et troisième prix du jury après Red Road (2006) et Fish Tank (2009) pour la cinéaste britannique. Elle est pas belle la vie! Merci madame.


Et enfin cette palme d’or attribuée à MOI, DANIEL BLAKE de Ken Loach prouve bien que celui-ci a encore des choses à nous dire. Ken Loach qui avait fait ses adieux à Cannes, a bien fait de ne pas tenir sa promesse.



Le Festival de Cannes n’est pas politique, déclarait Thierry Frémaux à la presse, ce sont les films qui le sont, peut-être en tout cas ce palmarès de cette 69e édition est lui à forte connotation politico-sociale, comme les films donc. Bien vu.
Tiens je vais râler un peu moi aussi, pourquoi donner la palme d’or du court métrage à Juanjo Giménez (53 ans) et son TIMECODE, alors que c’est son troisième court métrage, on aimerait bien que ce monsieur nous fasse un long métrage et donner cette palme du court à de jeunes espoirs.



58 ans après la présentation à Cannes du film LES QUATRE CENT COUPS de François Truffaut, Jean-Pierre Léaud fidèle à lui-même, s’est vu remettre la palme d’or d’honneur : "Je reçois la même joie profonde qu'il y a 58 ans quand François m'a dit : 'Tiens Jean-Pierre, tu as le rôle". Un grand moment d’émotion pour l’icône de la Nouvelle Vague.
Il était présent également pour le film LA MORT DE LOUIS XIV présenté en séance spéciale.

 

 


Elle était fière la jeune Houda Benyamina d’arborer le trophée de la Caméra d’Or pour son film DIVINES (présenté à la Quinzaine) aux côtés de ses pairs ayant reçu un prix sur la scène du Grand Théâtre Lumière pour la photo finale et c’est aussi grâce à elle ou à cause d’elle (c’est selon) que la cérémonie de clôture de ce 69è festival de Cannes s’est un peu rallongée de quelques minutes tant elle a su exprimer sa joie, son émotion et son désir d’être à Cannes dont d’ailleurs elle se fichait d’y être ou pas. Avec un discours interminable de remerciements ou d’invectives en tout genre ( il a fallu la diplomatie du maître de cérémonie Laurent Lafitte pour calmer les ardeurs de la benjamine) Houda Benyamina a dû sûrement irriter certains en bousculant un peu le protocole. Oui elle en a du clito la petite, pour reprendre une de ses expressions. En tout cas merci à elle.


La sécurité

 Et bien tout c’est très bien passé, une sécurité renforcée comme annoncée, même quelquefois avec excès notamment à la Quinzaine des réalisateurs où les palpations semblaient un peu excessives, les premiers soirs il était interdit de sortir de la salle du Théâtre Croisette pour aller aux toilettes, je me souviens de cette femme qui se tenait le ventre et la sécurité impassible ne voulait pas la laisser sortir. Il a fallu l’intervention de son compagnon pour qu’on lui ouvre les portes. Le lendemain cette mesure fut abandonnée frôlant d’ailleurs l’inégalité. Ne confondons pas sécurité excès de zèle, ça ne rime à rien.

La météo

 Et bien un festival sur le signe de la fraîcheur, jamais le thermomètre n’ayant dépassé les 25°,ce qui pour quelqu’un du sud comme moi est vraiment frèsco comme on dit chez nous, un vent coquin permettant d’alimenter la chronique de tabloïds qui n’ont pas grand-chose à dire sinon à s’éterniser sur quelques jupons relevés ici ou là

Et rendez-vous l’année prochaine pour le 70e anniversaire, on en parlait déjà au palais, qui sera pour moi la der des ders c’est juré craché


 


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