Cannes 2017 : la Palme d'or décernée à 'The Square' de Ruben Östlund (palmarès complet)

29/05/2017 à 22:18, B.G


Pedro Almodóvar et ses jurés de la 70e édition du Festival de Cannes ont créé la surprise en couronnant The Square du Suédois Ruben Öslund. Les jurys de la Caméra d'or et du court métrage ont aussi décerné leurs prix. 

À nouveau, ce n'est pas un des favoris des critiques ou des festivaliers qui décroche la récompense suprême. Pedro Almodóvar et ses jurés ont couronné The Square. Pour la première fois en compétition, après avoir décroché le prix du jury à Un certain regard pour Snow Therapy en 2014, le Suédois Ruben Östlund, 43 ans, décroche la Palme d’or. Ce film caustique, réflexion sur notre société et son individualisme à travers l’art contemporain, de 2h20, n’était pourtant pas parmi les favoris pour le fameux trophée.
"The Square est censé nous rappeler nos responsabilité sociales. Je voulais parler de cela à notre époque où il se passe tout un tas de choses, et pourtant on ne réagit pas", a déclaré le cinéaste quelques minutes après avoir reçu la Palme d’or. Son prochain film, Le triangle de la tristesse, se penchera sur le monde de la mode, a-t-il révélé. "Il (Östlund) a réalisé ce film extrêmement drôle d'une main de maître. Ça parle du politiquement correct, une dictature qui peut-être aussi horrible que n'importe quelle autre. Ce sujet aussi sérieux a été traité avec une imagination incroyable", a commenté Pedro Almodóvar. The Square est coproduit par Philippe Bober (The Coproduction Office) et sera distribué en France par Bac.
Le jury a donc préféré The Square pour la Palme d’or aux deux favoris 120 battements par minute et Faute d’amour. Ils repartent toutefois chacun avec une récompense. Le grand prix pour le film de Robin Campillo, déjà lauréat du prix Fipresci et de la Queer palm, qui raconte le combat des militants d’Act Up dans les années Sida (Les Films de Pierre/Memento le sortira le 23 août) et remporte aussi le prix du cœur de nombreux festivaliers, comme la standing ovation qui a suivi l’annonce l’a rappelée. 
Et le prix du jury pour le film d’Andreï Zvyagintsev (Pyramide, 20 septembre), qui dépeint à travers l'histoire d'un couple à la recherche de leur enfant, ne supportant plus leurs disputes pour ne pas le garder, dans une société russe déshumanisée. Le cinéaste ayant été auparavant distingué du prix du scénario pour son précédent film, Leviathan en 2014, et du prix du jury Un certain regard pour Elena en 2011.

Le jury a par ailleurs primé à deux reprises You Were Never Really Here de la Britannique Lynne Ramsay (coproduit par Pascal Caucheteux, que sortira SND), par le prix du scénario à la cinéaste et le prix d’interprétation à l’Américain Joaquin Phoenix. Il est consacré pour sa partition dans le rôle d'un vétéran de l'Irak, traumatisé, mutique et ultraviolent, qui doit exfiltrer une adolescente d'un réseau de prostitution. 
Le jury a attribué le prix du scénario ex aequo à Yórgos Lánthimos pour Mise à mort du cerf sacré (Haut et Court le sortira le 1er novembre). In the Fade (Pathé), qui marque le retour de l’Allemand Fatih Akin à Cannes, a été distingué à travers sa principale interprète, Diane Krüger, qui composait ici son premier rôle en allemand. Elle incarne Katja, une femme allemande qui décide de se venger de terroristes néonazis qui ont tué dans un attentat son mari, un ancien trafiquant de drogue d'origine turque, et son fils de six ans.
Autre comédienne à être récompensée, Nicole Kidman, via un prix spécial décerné par le jury à l’occasion du 70e anniversaire. Souvent venue à Cannes, la comédienne était la plus présente cette année avec deux films en compétition, Mise à mort du cerf sacré et Les proies, ainsi que dans deux œuvres hors compétition How to Talk to Girls at Parties et dans la saison 2 de Top of the Lake de Jane Campion.
Les proies (en salle le 23 août, Universal), remake du film de Don Siegel, vaut également à sa réalisatrice Sofia Coppola, venue une première fois à Cannes en 2006 en compétition avec Marie Antoinette, puis en 2013 en ouverture d’Un certain regard avec The Bling Ring, le prix de la mise en scène.

La Caméra d’or revient pour la 3e année consécutive à un film français, Jeune femme de Léonor Séraille, indissociable de son interprète Laetitia Dosch, produit par Sandra de Fonseca, avec Bertrand Gore et Nathalie Mesuret, au sein de Blue Monday (Shellac en distribution). Le film était sélectionné à Un certain regard. Formée à La fémis, Léonor Séraille évoque dans son long une trentenaire en crise. 
Ce palmarès vient clore une 70e édition marquée par la polémique Netflix, née autour de la sélection de deux films,Okja et The Meyerowitz Stories, en compétition. Pedro Almodóvar avait déclaré dès le début du Festival qu'il ne se voyait pas récompensé des films qui ne sortiraient pas en salle, réduisant ainsi d'autant plus la compétition. 
Cette édition aura aussi été rythmée par les célébrations de ses 70 ans avec la présence d'un parterre exceptionnel de personnalités du 7e art, malgré les risques d'attentats et les mesures de sécurité qui ont dû être prises dans ces circonstances.


PALMARÈS 

Palme d'or : The Square de Ruben Östlund

Grand prix : 120 battements par minute de Robin Campillo

Prix de la mise en scène : Sofia Coppola pour Les proies

Prix du jury : Faute d'amour d'Andreï Zvyagintsev

Prix du scénario attribué ex aequo : Yórgos Lánthimos pour Mise à mort du cerf sacré et Lynne Ramsey pour You Were Never Really Here

Prix d'interprétation féminine : Diane Krüger dans In the Fade de Fatih Akin

Prix d'interprétation masculine : Joaquin Phoenix dans You Were Never Really Here de Lynne Ramsey

Caméra d'or, décerné par un jury présidé par Sandrine Kiberlain : Jeune femme de Léonor Séraille (Blue Monday), présenté à Un certain regard

Le jury du court métrage et de la Cinéfondation, présidé par Cristian Mungiu, a attribué deux prix :Palme d'or du court métrage : Xiao Cheng er yue (Une nuit douce) de Qiu Yang

Mention spéciale : Katto (Le plafond) de Teppo Airaksinen

UN CERTAIN REGARD - PALMARÈS


PRIX UN CERTAIN REGARD
LERD (Un homme intègre) réalisé par Mohammad RASOULOF

PRIX D'INTERPRÉTATION FÉMININE
JASMINE TRINCA pour FORTUNATA réalisé par Sergio CASTELLITTO

PRIX DE LA POÉSIE DU CINÉMA
BARBARA réalisé par Mathieu AMALRIC

PRIX DE LA MISE EN SCÈNE
Taylor SHERIDAN pour WIND RIVER

PRIX DU JURY
LAS HIJAS DE ABRIL réalisé par Michel FRANCO

BILAN

Les films: en fait les films présentés à Cannes chaque année c’est un peu comme le saucisson de Noël, la même chose que le reste de l’année mais avec une guirlande autour. Alors après c’est à nous de dire si c’est bon ou pas. Cette année l’accent a été mis essentiellement sur le cinéma d’auteur et les choses s’annonçaient plutôt bien avec la présentation des « Fantômes d’Ismaël » en ouverture. Plus film d’auteur que ça en ouverture faut chercher loin. Dans l’ensemble si les films étaient quoiqu’on en dise de qualité, la morosité ambiante s’installant dès les premiers jours sur cette 70e édition en ces temps troublés ne fit qu’aggraver nos humeurs chancelantes. Et c’est ainsi que le jury de Pedro Almodóvar devant cette programmation d’une noirceur déferlante a décidé de donner la palme d’or à la seule comédie (sarcastique il est vrai) de la sélection, le film The Square du Suédois Ruben Öslund dont le film Snow Therapyfut en sélection à Un certain regard en 2014.
Jacques Doillon dans la compétition à Cannes cela ne s’était pas vu depuis longtemps et ce fut une surprise. Son Rodin restera malgré tout sur le côté et c’est dommage car son film aurait mérité quelque chose, mais qu’à cela ne tienne la sélection de son film en compétition permettra à Doillon un retour sur les écrans après une période discrète, malgré la sortie de son film magnifique Mes séances de lutte en 2013 et qui passa pratiquement inaperçu.
Inutile de revenir ici sur la polémique Netflix mais c’est quand même scier un peu la branche sur laquelle on est assis.
La météo: et bien un sans-faute, une agréable douceur qui nous fit profiter des séances du Cinéma de la plage en soirée et nous offrit les moments les plus festifs de cette 70e édition anniversaire avec également 2 concerts : Ciné-concert de rébétiko avec Tony Gatlif et la présentation de son film Djam, un concert de Matthieu Chedid (M) pour les 70 ans du festival, et également des films mémorables avec la présentation entre autres du chef-d'œuvre de Hugh Hudson Les Chariots de feu dans une copie optimale restaurée en 4K. Un régal.
La sécurité: draconienne comme on pouvait s’y attendre, bras écartés, palpations pour certains qui ne pouvaient pas passer sous les portiques en raison de porteur de pacemaker, défibrillateur ou autres, sécurité renforcée encore après l’attentat du mardi de Manchester. Les alentours du palais entourés d’un cordon de véhicules de police, c’était assez impressionnant, par contre pas un seul véhicule notamment le matin à la Quinzaine des réalisateurs où s’entassaient des centaines de personnes sous le auvent du Théâtre Croisette. À peine un fourgon en milieu d’après-midi. Il fallait le dire.
Un festival en demi-teintes en ces temps troublés ce qui ne gâcha certes pas la fête mais le cœur n’y était pas comme d’habitude.

 


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