16/10/2017 à 09:47, B.G
La situation du producteur hollywoodien déchu de son propre empire se dégrade d'heure en heure et entraîne des répercussions en cascade.
À l'issue d'une réunion exceptionnelle de son comité exécutif, l'Académie des Oscars a décidé à une majorité de plus des deux tiers d'exclure Harvey Weinstein (à la une de Time, photo) dont les productions dans le cadre de Miramax puis de la Weinstein Company ont accumulé quelque 81 statuettes, celle du meilleur film lui ayant été décernée à titre personnel pour Shakespeare in Love de John Madden, en 1999, dont l'un des rôles principaux était tenu par l'une de ses accusatrices, Gwyneth Paltrow.
Dans un communiqué, l'Académie a précisé : "Non seulement nous prenons nos distances avec quelqu'un qui ne mérite pas le respect de ses collègues, mais nous envoyons un message pour affirmer que le temps de l'ignorance délibérée et de la complicité honteuse vis-à-vis des comportements d'agression sexuelle et du harcèlement sur le lieu de travail dans notre industrie est terminé."
De son côté, la guilde des producteurs américains a décidé à son tour de se réunir en urgence afin d'étudier "des procédures disciplinaires". Dans la foulée d'une déclaration ferme soulignant que "ces faits relèvent d’un comportement impardonnable qui ne peut susciter qu'une condamnation nette et sans appel", le Festival de Cannes a été interpellé par certains internautes sur les réseaux sociaux qui réclament à leur tour que Harvey Weinstein soit déchu de ses prix parmi lesquels figurent deux Palmes d'or obtenues par Pulp Fiction de Quentin Tarantino en 1994 et Fahrenheit 9/11 de Michael Moore en 2004.
Parmi les réactions les plus étranges à cette affaire sordide, Woody Allen a déclaré à la BBC "compatir avec Harvey", alors même que celui par lequel le scandale est arrivé, le journaliste Ronan Farrow, n'est autre que le fils qui l'a renié, au point de renoncer au prénom qu'il lui avait donné, Satchel, et à son patronyme légal, Allen.
Simultanément, en France, l'Elysée a annoncé étudier sérieusement l'éventualité de lui retirer la légion d'honneur qui lui avait été remise par le Président Nicolas Sarkozy le 7 mars 2012, à la suite des cinq Oscars obtenus par The Artist de Michel Hazanavicius.
En France, tandis que Twitter a vu #balancetonporc devenir le hashtag vedette du week-end, dans une tribune publiée par le Journal du dimanche, Isabelle Adjani pousse un coup de gueule salutaire. On y lit notamment que « quand une actrice se fait séduisante pour décrocher un rôle, ce n’est pas pour se faire violer ! […] Laissons savoir à ces messieurs les harceleurs que les actrices, tout comme les ouvrières, les agricultrices ou les ingénieurs, les commerciales ou les institutrices, les mamans ou les putains, sont toutes libres de baiser, libres d’avorter. Et libres de parler. »