Disparition d'Agnès Varda

31/03/2019 à 10:15, B.G


La réalisatrice est décédée à l'âge de 90 ans, quelques semaines seulement après la présentation à Berlin de son documentaire autobiographique Varda par Agnès - Causerie et sa récente diffusion sur Arte. Ses obsèques se dérouleront mardi 2 avril à 14 heures au cimetière Montparnasse.
Née le 30 mai 1928 à Ixelles, en Belgique, Agnès Varda, immigre à Sète avec sa famille en 1940. C’est là qu’elle tournera son premier long métrage, La Pointe Courte (1954) pour lequel elle obtient le Prix de l’âge d’or à Bruxelles et le Grand Prix du film d’avant-garde de Paris en 1955. Entre-temps, elle étudie la photo aux beaux-arts de Paris et l’histoire de l’art à l’école du Louvre, cursus qui lui vaut d’être engagée par Jean Vilar comme photographe officielle du Théâtre National Populaire en 1949. Elle y rencontre Antoine Bourseiller avec lequel elle aura une fille, Rosalie Varda, en 1958, année au cours de laquelle elle rencontre Jacques Demy qui lui donnera un film, Mathieu Demy, en 1972, et adoptera Rosalie.
Agnès Varda ne tourne son deuxième long métrage qu’en 1961, Cléo de 5 à 7, lequel lui vaut le Prix Georges Méliès et le Prix de la Fipresci 1963. Classée désormais parmi les cinéastes de la Nouvelle Vague, elle signe ensuite Le bonheur, Prix Louis Delluc 1964 et Ours d’argent à Berlin en 1965, et Les créatures (1966). C’est alors qu’elle part aux Etats-Unis avec Jacques Demy et se lance dans le documentaire pour témoigner de ce qu’elle voit autour d’elle en cette période post-soixante-huitarde si faste, avec Black Panthers (1968) puis Lions Love (1969) qui pratique le mélange des genres.
Elle alterne désormais des documentaires comme Daguerréotypes (1975), Mur murs (1981) et Les dites cariatides (1984) avec des fictions comme L’une chante, l’autre pas (1977), Documenteur (1981) et Sans toit ni loi (1985) qui lui vaut notamment le Lion d’or et le prix de la Fipresci à Venise. C’est par ailleurs son plus grand succès commercial avec près d’1,1 million d’entrées.
Elle tourne en 1987 deux films jumeaux, Jane B. par Agnès V. et Kung-fu Master, qui reflètent son goût pour l’interaction de la fiction et du documentaire. Elle filme ensuite Jacquot de Nantes (1991) , qui évoque la jeunesse de Jacques Demy, puis son ultime long métrage de fiction, Les cent et une nuits de Simon Cinéma (1995).
Les glaneurs et la glaneuse (2000) traduit à la fois son sens de l’observation, sa conscience sociale et son goût pour la poésie et les coqs à l’âne. Le film reçoit une quinzaine de prix dont le prestigieux European Award du meilleur documentaire. Retour à l’autobiographie fantasmée avec Les plages d’Agnès (2008), la mini-série documentaire Agnès de ci de là Varda (2011) et Varda par Agnès (2019). Entre-temps, Agnès Varda tourne en tandem avec JR Visages, villages (2017) qui leur vaut notamment L'Œil d'or à Cannes une nomination à l’Oscar du meilleur documentaire, avec en guise de lot de consolation une statuette d’honneur à Hollywood pour l'ensemble de son œuvre.
Considérée comme une pionnière parmi les femmes cinéastes et une féministe de la première heure, Agnès Varda s’est notamment impliquée pour ses consoeurs, en soutenant notamment le collectif 50/50, lancé au festival de Cannes 2018.


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