Présidents

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Nicolas, un ancien Président de la République, supporte mal l’arrêt de sa vie politique. Les circonstances lui permettent d’espérer un retour sur le devant de la scène. Mais il lui faut un allié. Nicolas va donc partir en Corrèze, pour convaincre François, un autre ancien Président (qui, lui, coule une retraite heureuse à la campagne) de faire équipe avec lui. François se pique au jeu, tandis que Nicolas découvre que le bonheur n’est peut-être pas là où il croyait… Et leurs compagnes respectives, elles, vont bientôt se mettre de la partie.

Vos commentaires et critiques :

Cette comédie jubilatoire et poétique deviendra-t-elle un film d’anticipation politique ?
Anticipation de quelques mois puisque nous sommes à la fin de l’année 2021, alors que les radios annoncent l’écroulement de la cote de popularité de notre jupiter national à quelques mois de l’élection présidentielle, tandis que celle d’un autre ancien président, François, retiré de la vie politique dans la campagne limousine, connaît une sacrée embellie. Quelque part dans un appartement cossu de l’Ouest parisien, Nicolas, un autre ancien président, y voit l’opportunité de briser la monotonie d’une vie un peu trop tranquille aux côtés de son épouse cantatrice, une vie rythmée par la passion des aspirateurs dernier cri et la promenade de l’horrible pincher nain familial. Pourquoi ne formerait-il pas avec François un duo de campagne pour battre la Marine au plus haut dans les sondages (ça c’est tristement crédible) et le Manu totalement dans les choux ? Bon, quand on sait que Nicolas est incarné par Jean Dujardin, 1m82, alors que le vrai Sarkozy arrive à peine, sans talonnettes, à l’épaule de Carla, on ne peut s’empêcher d’être sceptique. Et pourtant, dès les premières mimiques, tics de langages, haussements d’épaules de l’acteur, on y est, on y croit.
Mais revenons au récit. C’est décidé, voilà Nicolas, flanqué de son inévitable garde du corps, qui prend le premier train pour la Corrèze et s’installe au premier hôtel venu à Uzerche, qui candidate au titre de la ville la plus ennuyeuse au monde. À quelques kilomètres de là, François s’est construit une existence partagée entre l’apiculture et la lecture – qui semblerait presque plus monotone que celle de Lionel à l’Ile de Ré –, aux côtés d’Isabelle, vétérinaire de campagne à l’esprit vif et acéré, qui compte bien faire tout ce qui est en son pouvoir pour que son aimé ne rechute pas dans cette terrible maladie qu’est la politique et la lutte pour le pouvoir.
Notre bonheur de spectateur vient d’abord de la performance exceptionnelle des deux acteurs, Jean Dujardin, qui incarne donc à merveille l’ex-ancien avocat Sarkozy, survolté et en pleine crise de manque de politique et de lumière, et l’extraordinaire Gregory Gadebois, qui sait parfaitement décliner les facettes contradictoires de Hollande : son côté débonnaire de président « normal », son humour et ses phrases assassines, et son côté séducteur tranquille mais efficace qu’il exerce même sur Nathalie (Doria Tillier), l’épouse de Nicolas. Mais il y a aussi une ribambelle de dialogues savoureux ou de situations cocasses qui font franchement rigoler.
Mais Anne Fontaine ne s’arrête pas à la farce : elle construit habilement une fable acide – que n’auraient pas reniée les meilleurs représentants de la comédie italienne – sur l’absurdité politique de notre système présidentiel, qui emprisonne la pratique démocratique et nous conduit droit dans le mur. Mais avant de réfléchir, on sourit volontiers et on rit sans regret, et ça fait du bien !