Rosy

Rosy n’est vraiment pas la copine qu’on voudrait dans sa vie, ni pour soi, ni pour les siens, on ne souhaiterait même pas sa venue dans celle de son pire ennemi. Rosy, c’est la fauteuse de trouble, l’oiseau de mauvais augure, la rabat-joie stricto sensu, l’invitée qui débarque sans prévenir, tellement mesquine qu’elle se cache derrière un acronyme faussement anodin : SEP. SEP pour Sclérose En Plaque. Rosy, c’est le nom qu’a donné Marine à sa maladie. Non pas pour en faire sa bonne copine, mais plutôt pour la dompter, lui montrer qui est la patronne, lui fermer son caquet, la mettre en veilleuse, lui clouer le bec mais aussi, surtout, apprendre à vivre avec.
Marine Barnérias est une étudiante de vingt et un ans ans quand le diagnostic lui tombe dessus. 21 ans, des rêves et des projets plein la tête, une furieuse envie de croquer la vie à pleines dents, un amoureux, des amis et une vie d’étudiante ressemblant à tant d’autres… Cette annonce, c’est bien sûr un coup de tonnerre dans un ciel si bleu : comment elle, sportive, hyper active, débordante d’énergie, peut-elle si brusquement appartenir à ces « 100 000 personnes touchées par une maladie qui représente la deuxième cause de handicap après les accidents de la route » ? Mais la réalité est là, alors Marine va faire avec, main dans la main avec Rosy.
Ce film, c’est l’histoire d’un projet fou, le « Seper Hero » : un voyage que Marine va entreprendre seule, une quête initiatique portée par une unique force, un seul élan vital : aller à la rencontre d’elle-même. La Nouvelle-Zélande parcourue de long en large pour découvrir son corps. La Birmanie pour l’expérience du silence méditatif à l’heure où son esprit bouillonne. Et la Mongolie pour réunir les deux et trouver la vérité de son âme. Durant des mois, sans assistance, sans suivi médical, mais portée par un feu intérieur et le soutien invisible des contributeurs qui ont aidé à financer son voyage, elle va éprouver les limites de son physique, de son mental et dompter d’une main de fer dans un gant de velours Rosy, sa maladie.
Dans une urgence de vivre et de profiter de chaque instant présent, avec une lucidité déconcertante, un humour à toute épreuve et une authenticité qui force l’admiration, Marine va expérimenter la solitude, la fatigue, les doutes et partager des paysages sauvages et tout l’arc en ciel de ses émotions qu’elle filmera avec son téléphone portable.
C’est un documentaire atypique, bouleversant et joyeux (oui joyeux car Marine est résolument tournée vers le soleil) sur les ressources intérieures que l’âme et le corps sont capables de déployer pour faire face aux sales coups de la vie. La méditation, la résilience et le goût ardent des autres vont devenir les guides de Marine, bien plus puissants que les discours médicaux froids et leur kyrielle de statistiques amères. Rosy, c’est l’épopée d’une jeune nana qui ne se sent pas l’âme d’une aventurière mais qui, poussée par sa petite voix intérieure, va tenter de trouver aux quatre coins du monde des réponses à ses questions. Rosy, c’est un film lumineux qui donne des ailes.