Il divo TP

Vous aimez ce film, notez le !
La note moyenne actuelle est de 15,00 pour 1 vote(s)
À Rome, à l'aube, quand tout le monde dort, il y a un homme qui ne dort pas. Cet homme s'appelle Giulio Andreotti. Il ne dort pas car il doit travailler, écrire des livres, mener une vie mondaine et en dernière analyse, prier.Calme, sournois, impénétrable, Andreotti est le pouvoir en Italie depuis quatre décennies. Audébut des années quatre-vingt-dix, sans arrogance et sans humilité, immobile et susurrant,ambigu et rassurant, il avance inexorablement vers son septième mandat en tant que président du Conseil.À bientôt 70 ans, Andreotti est un gérontocrate qui, à l'instar de Dieu, ne craint personne et ne sait pas ce qu'est la crainte obséquieuse. Habitué comme il l'est à voir cette crainte peinte sur le visage de tous ses interlocuteurs. Sa satisfaction est froide et impalpable. Sa satisfaction, c'est le pouvoir. Avec lequel il vit en symbiose. Un pouvoir comme il l'aime, figé et immuable depuis toujours. Où tout, les batailles électorales, les attentats terroristes, les accusations infamantes, glisse sur lui au fil des ans sans laisser de trace. Il reste insensible et égal à lui-même face à tout. Jusqu'à ce que le contre-pouvoir le plus fort de ce pays, la Mafia, décide de lui déclarer la guerre. Alors, les choses changent. Peut-être même aussi pour l'inoxydable et énigmatique Andreotti. Mais, et c'est là la question, les choses changent ou n'est-ce qu'une apparence ? Une chose est certaine : il est difficile d'égratigner Andreotti, l'homme qui mieux qu'aucun de nous, connaît la façon de se mouvoir dans le monde.

Vos commentaires et critiques :

La tête enfoncée dans les épaules, oreilles décollées, démarche de moine traînant les semelles, une créature longe les murs de Rome, la nuit, protégée des importuns par quelques voitures de police et des hommes en uniforme, mitraillette au poing. De jour, on retrouve la même ombre dans les salles vides de son palais, étrange passe-muraille, chat noir de gouttière ayant pris le contrôle des lieux depouvoir, grisâtre marionnette manipulant ses corrupteurs. Cet homme l'a dit : "Je me sens tellement bien courbé." Cet homme amasse les surnoms, Belzébuth, le Renard, le Moloch, la Salamandre, le Pape noir, l'Homme des Ténèbres, le Sphinx, l'Inoxydable, le Petit Bossu et, si féroce mais si juste, Nosferatu. Cet homme existe, et le film de Paolo Sorrentino est l'un des plus assassins qui ait jamais été tourné sur un personnage politique de son vivant : Giulio Andreotti, sept fois président du conseil, vingt-sept fois ministre, sénateur à vie, symbole vivant de la politique italienne des soixante dernières années, emblème de la Démocratie chrétienne. Les mauvaises langues disent que, lorsqu'il se rend à l'église, ce n'est pas pour parler avec Dieu mais avec les prêtres, car les prêtres votent. Un cachet se dissout dans un verre d'eau : Andreotti a été toute sa vie en proie à des migraines atroces. Une pluie de cadavres s'abat à l'évocation de sa carrière : empoisonnement d'un banquier, meurtres d'un journaliste et d'un juge, suicides douteux du financier du Vatican et d'un député. Andreotti toujours, au carrefour de cette danse macabre. Suspect de relations pas très catholiques avec la Mafia, compromis dans des attentats et affaires de corruption, plusieurs fois condamné et, peu après, miraculeusement acquitté. Haï pour avoir refusé sans état d'âme toute négociation avec les Brigades rouges, susceptible d'éviter l'exécution de son camarade de parti, Aldo Moro, et pour avoir fait disparaître les carnets de l'otage.