Tonnerre

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Un rockeur trop sentimental, une jeune femme indécise, un vieux père fantasque. Dans la petite ville de Tonnerre, les joies de l'amour ne durent qu'un temps. Une disparition aussi soudaine qu'inexpliquée et voici que la passion cède place à l'obsession…

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Un monde avec femme

Un monde sans femmes, le premier film de Guillaume Brac, avait été notre rayon de soleil il y a deux ans. Une comptine estivale qui évoquait, dans une station balnéaire un peu désuète de la côte picarde, les déboires amoureux d’un grand dadais faisant face à deux vacancières, mère et fille toutes aussi délurées que séduisantes qui le menaient un peu par le bout du nez. Un vrai moment de douceur, d’intelligence, qui évoquait le cinéma insouciant, léger et délicat de Jacques Rozier ou d’Eric Rohmer. Le film révélait un incroyable talent, celui de l’acteur Vincent Macaigne, à la dégaine inimitable de faux ahuri, aussi gauche que craquant. Fidèle à ses acteurs, Guillaume Brac a écrit son nouveau film pour Vincent Macaigne, à ceci près que l’acteur a troqué son ahurissement pour une nonchalance gentiment dépressive et fragile. Il y incarne Maxime, un rocker un petit peu connu (le personnage est directement inspiré par le chanteur Rover, qui signe également la musique) qui est revenu se mettre au vert chez papa (Bernard Menez), dans la ville de Tonnerre, au cœur du Morvan, un ville qui porte bien mal son nom tant elle incarne le calme provincial dans cette belle région de moyenne montagne.

Maxime est là pour créer en toute quiétude et préparer son nouvel album. Mais Mélodie, toute jeune journaliste locale qui souhaite l’interviewer, rentre dans sa vie. Il a immédiatement un coup de foudre fulgurant et très vite une idylle se noue. Une relation amoureuse passionnée, qui tout de suite résonne étrangement, jusqu’au jour où Mélodie disparaît sans explication, laissant Maxime entre abattement et rage qu’il a de plus en plus de mal à contenir...

Le talent de Guillaume Brac est de savoir parfaitement doser et mélanger sans que cela semble incongru la comédie décalée servie par les deux grands acteurs burlesques que sont Vincent Macaigne et Bernard Menez (splendide scène de dressage canin à partir de lectures d’Alfred de Musset), le romantisme le plus absolu dans tout le début de l’histoire d’amour de Maxime et Mélodie, et le thriller inquiétant, le spectateur ne sachant pas jusqu’où Maxime va aller dans son désespoir amoureux. Vincent Macaigne porte admirablement tous les bouleversements de son personnage: la timidité feinte teintée de misanthropie, la redécouverte d’un amour aux tonalités adolescentes, puis le sentiment cruel et profond de trahison qui peut être le poussera à la violence. Et Guillaume Brac filme magnifiquement l’espace dans lequel il fait évoluer ses personnages. Tout comme le charme intemporel de la station picarde collait parfaitement aux sentiments légers des personnages d’Un monde sans femmes, Tonnerre, la petite ville bourguignonne noyée dans la neige, dégage une atmosphère inquiétante, limite fantastique, avec ses parties souterraines (la scène où Mélodie fait découvrir à Maxime une chapelle enterrée a son pesant d’étrangeté), ses environs boisés et sombres, son lac que n’aurait pas renié Lamartine... tout pour abriter le drame romantique qui se décline entre Maxime et Mélodie. Mais heureusement il y a toujours en contrepoint le personnage de père fantasque incarné par Bernard Menez pour ramener un peu de respiration joyeuse et d’espoir: c’est bien lui qui, malgré ses 60 et quelques printemps, paraît finalement le personnage le moins tourmenté et le plus ouvert aux joies du monde. Une petite course à vélo dans les monts du Morvan, et ça repart!