Pôle emploi, ne quittez pas!

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Dans un Pôle Emploi du 93, c'est l'histoire d'une équipe de quarante agents qui font face à quatre mille demandeurs d'emploi. Samia, Corinne, Thierry, Zuleika doivent soutenir et surveiller, faire du chiffre, obéir aux directives politiques et aux injonctions de communication, trouver du travail là où il n'y en a pas.
C'est la vie d'une équipe qui a intégré l'impossible à son quotidien.
  • Titre original : Pôle emploi, ne quittez pas!
  • Fiche mise à jour le 28/11/2014
  • Année de production : 2013
  • Réalisé par : Nora Philippe
  • Date de sortie : 19 novembre 2014
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Docks 66
  • Distributeur international : non renseigné
  • Durée : 78 minutes
  • Origine(s) : France
  • Genre(s) : Documentaire
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 1.77 - 16/9
  • Format son : Dolby
  • Visa d'exploitation : 140569
  • Indice Bdfci :
    66%
  • 3,4/5
    (37 votes)
    Allociné
    3
    6,4/10
    (38 votes)
    Senscritique
    3

Vos commentaires et critiques :

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Voilà à l’heure où nos gouvernants qui pour se faire élire se sont fait passer pour des gens de gauche et qui désormais stigmatisent jour après jour un peu plus les chômeurs, un documentaire coup de poing, baffe dans la tronche, uppercut, bourre pif qui met les points sur les i, les barres sur les t, et remet à l’équerre les idées corrompues par les préjugés rances. Pourtant rien de militant dans ce film, aucun commentaire péremptoire, aucune tribune de gauchiste hystérique, simplement sur une année, l’immersion discrète mais patiente dans une agence Pôle Emploi, en l’occurrence celle de Livry-Gargan en Seine-Saint-Denis. Dans l’arène, 40 agents face à 4000 demandeurs d’emploi. Avec ces rituels : l’ouverture de l’agence au petit matin blême, le « tri » des allocataires à l’accueil avec ses petits moments de convivialité mais aussi ses premières incompréhensions, ses histoires de documents administratifs qui manquent éternellement à certains dossiers, mais aussi ses situations ubuesques comme celle où ce demandeur se présente pour s’inscrire avec son jeune fils d’une dizaine d’années en guise de traducteur car il est sourd-muet et qui se voit répondre qu’il faut préalablement prendre rendez vous par téléphone… Évidemment il y a internet, mais pour certains qui n’en disposent pas il reste des postes à l’agence à ceci près que ceux-ci sont régulièrement en panne.

Il y a les entretiens individuels de plus en plus durs à mener au vu de la quantité de demandeurs suivis par chaque conseiller, au point que la directrice envisage de monter des entretiens collectifs, ce qui entraine la fronde des agents bien conscients de l’inhumanité et de l’inefficacité de la démarche. Entre manque de moyens matériels, sous effectifs, complexité administrative kafkaïenne (parfois les discussions entre agents qui s’arrachent les cheveux sur certaines procédures sont volontairement incompréhensibles aux spectateurs), et face à une détresse de plus en plus grande des allocataires souvent dans des situations inextricables, les agents que l’on découvre passionnés et investis dans leur travail mais souvent désespérés ont deux choix : ou construire entre eux et leurs demandeurs une barrière d’insensibilité (on voit effectivement un agent répondre de manière totalement détachée et froide à une malheureuse qui tente de savoir depuis plusieurs semaines quand elle commencera à toucher ses premières allocations) ou se laisser envahir par empathie comme cette autre agent en plein burnout et qui craque face à une directrice elle-même sous pression de sa hiérarchie qui tente de lui imposer des objectifs inatteignables.

Lors de sa première diffusion sur LCP, ce documentaire a provoqué un petit tollé notamment à Pôle Emploi dont la direction tenta de censurer la diffusion, empêchant même la réalisatrice de venir présenter le film à l’équipe qu’elle avait filmée pendant plusieurs mois. On comprend effectivement la gêne de l’administration face à ce film salutaire, indispensable à voir, autant pour ceux directement concernés par le sujet , que pour ceux qui se laisseraient bercer par les discours stigmatisants de l’actuel gouvernement.