Us TP

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Des parents emmènent leurs enfants dans leur maison secondaire près d'une plage afin de se détendre et de se déconnecter. Des amis les rejoignent. Au fur et à mesure que la nuit arrive, la sérénité se transforme en tension. Lorsque des invités - qui n'étaient pas prévus - se joignent au groupe, l'agitation palpable dégénère en chaos.

Vos commentaires et critiques :

Il y a deux ans, Get Out avait causé la surprise, en proposant une vision horrifique de l'Amérique censément post-raciale, ce qui avait valu à Jordan Peele de se rendre aux Oscars et de décrocher le prix du meilleur scénario - rare pour un film de genre à petit budget. C'est dire que les attentes sont élevées pour ce nouvel opus, Us, qui risque de déstabiliser un public en quête d'un Get Out 2. Quoique... S'il y a une chose que Peele nous a fait comprendre avec Get Out, c'est combien rester dans la maison peut être dangereux, et cet Us (qui fait aussi référence à United States) pourrait bien être un Get Out à plus grande échelle, c'est-à-dire qu'il propose de sortir carrément de soi ainsi que des États-Unis et de leur dynamique paralysante et malsaine. Il faut ouvrir l'œil dans tous les plans de ce film qui nous offre une foule de variations sur le thème du double. Peele s'amuse en effet, comme le Petit Poucet, à laisser des indices absolument partout, en rendant hommage au cinéma, ainsi qu'à son premier film.
L'histoire? Une petite famille de la classe moyenne, les Wilson - la mère Adelaide (Lupita Nyong'o), le père Gabe (Winston Duke) et leurs deux enfants -, en vacances à sa résidence secondaire, se fait attaquer par une autre famille qui s'avère être son double. Ils ne sont pas les seuls : partout dans le pays, les gens sont tués par des répliques d'eux-mêmes, vêtues d'une combinaison rouge et armées de ciseaux. Or, dans son enfance, Adelaide a déjà croisé ce genre de créature venue des profondeurs, en se rendant dans un palais des miroirs d'une fête foraine, une attraction dont le décor kitsch renvoyait à un chaman autochtone...
Jordan Peele revisite ainsi, à sa façon, le home invasion movie (une scène rappelle le Funny Games de Haneke), avec cette différence notable que la menace ne vient pas des « autres », mais de semblables, ce qui est pire.
Les Wilson ont comme amis les Tyler, une famille-miroir blanche, et l'on pourrait être tenté de jouer au jeu des comparaisons raciales si on ne sentait pas que Jordan Peele veut nous amener plutôt sur le terrain des inégalités sociales, puisque les Wilson et les Tyler, au fond, appartiennent à la même classe bourgeoise, installée dans son confort et menacée par la multitude des exclus, peu importe leur couleur de peau, qui veulent prendre leur place.
Us se veut ambitieux, presque mégalomane par moments, aussi cinglé que les États-Unis qui semblent avoir basculé dans une réalité parallèle depuis Trump. C'est parfois trop touffu et tiré par les cheveux, mais il s'agit d'une parabole (magnifiquement filmée et portée par l'incroyable jeu de Lupita Nyong'o) qui ne s'encombre pas trop de la raison. Et dans laquelle il faut plonger et se regarder en train de regarder. À voir deux fois plutôt qu'une pour en épuiser le sens.