La Flor, partie 3 TP

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Chaque épisode correspond à un genre cinématographique. Le premier est une série B, comme les Américains avaient l’habitude d’en faire. Le deuxième est un mélodrame musical avec une pointe de mystère. Ce troisième est un film d’espionnage. Le quatrième est une mise en abîme du cinéma. Le cinquième revisite un vieux film français. Le sixième parle de femmes captives au 19e siècle. Mon tout forme « La Flor ». Ces six épisodes, ces six genres ont un seul point commun : leurs quatre comédiennes. D'un épisode à l’autre, « La Flor » change radicalement d’univers, et chaque actrice passe d’un monde à l’autre, d’une fiction à un autre, d’un emploi à un autre, comme dans un bal masqué. Ce sont les actrices qui font avancer le récit, ce sont elles aussi qu’au fur et à mesure, le film révèle. Au bout de l’histoire, à la fin du film, toutes ces images finiront par dresser leurs quatre portraits.

Vos commentaires et critiques :

Le cœur nucléaire de la Flor, soit les quelque sept heures de film réparties entre la deuxième et la troisième partie, est un film d’espionnage. Le scénario est classique : quatre espionnes en mission se rendent compte que le véritable but de leur expédition est en réalité leur propre élimination. Les codes immémoriaux du film d’espionnage sont si scrupuleusement tenus que cela en devient suspect - encore un petit coup de distanciation : opacité des chaînes de commandement à un tel point que plus personne ne sait pour qui il travaille, perte de repères débouchant sur une forme d’absurdité existentielle, les vivants sont des morts en sursis. Ces codes, la Flor ne s’en moque pas : ils tiennent l’intrigue et répartissent les grandes masses (trahison, rapport entre un homme et ses ravisseurs, moments contemplatifs…) sur l’écran.
Le film se permet même le luxe d’ajouter une strate à notre connaissance inédite dans le genre : les quatre espionnes envoyées à la mort appartiennent à des camps différents et même antagonistes, ce qui suppose - si l’on comprend bien - l’existence d’une sorte d’agence supranationale chargée d’éliminer les espions de tout bord. Une trouvaille et peut-être même un accomplissement dans le contexte serré du film d’espionnage : cette agence supranationale à laquelle tous les camps font appel pour liquider leurs propres agents ne peut être, métaphoriquement, que la mort elle-même. On veut dire ici que la Flor joue le jeu. Le substrat - le film de momie, l’espionnage, la comédie musicale, le film de désert - est respecté et plus encore : révéré comme un patrimoine précieux puisqu'il a diverti des générations, il n’en mérite pas moins d’être entretenu, c’est-à-dire «subverti» et «outragé» selon la profession de foi du collectif.
Sur l’écran, on est aux antipodes du chien dans le jeu de quilles. La Flor joue beaucoup sur les creux : une seconde équipe d’espionnes envoyée liquider la première et qui tend une embuscade dans laquelle personne ne tombe, avant d’être désactivée à distance, c’est-à-dire ravalée au rang du désœuvrement et du tourisme. Un type kidnappé pour des raisons qui ne seront jamais données et qui s’ingénie à lire le ciel et les étoiles pour deviner dans quel pays il se trouve, alors qu’il lui suffirait de lire les panneaux indicateurs situés au bord des routes. Une espionne s’offrant une veillée d’armes dans un hangar à avion, savourant - et nous avec elle - le calme, la beauté imposante des appareils, et ces parenthèses qui, au fond, sont données à tout un chacun. Ce sont ces moments-là qui restent en mémoire, ce qui incline à penser qu’ils sont le centre du film, comme les arbres que le réalisateur est impuissant à filmer dans la quatrième partie.

À suivre...