Une mère

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Aline n’a jamais réussi à faire le deuil de son fils mort à 17 ans dans une rixe. Quand elle croise par hasard son agresseur, tout juste sorti de prison, elle décide d’échafauder un plan pour se venger. Aussi déterminée soit-elle, Aline commence à douter au fur et à mesure qu’elle apprend connaître le jeune homme.

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20 ans après Jean-Pierre et Luc Dardenne qui, dans Le Fils avec Olivier Gourmet, confrontaient un père endeuillé à l’assassin de son fils, la comédienne et scénariste Sylvie Audcœur, qui signe ici son premier film, raconte une histoire similaire. Avec une grande économie d’effets, dans une mise en scène qui va droit à l’essentiel, Une mère raconte, au-delà de l’impossible deuil, comment l’humanité toujours se raccroche à la vie et comment le pardon peut se construire, même quand cela semble inconcevable.
En perdant son fils de 17 ans, mort sous des coups d’une grande violence pour un vol de scooter, Aline perd tout : sa raison de vivre, son goût des autres, son couple, sa flamme intérieure. Et si elle n’attendait rien du procès de l’assassin de son fils, le verdict la fracasse une seconde fois : 9 ans de prison ne lui semblent pas grand chose face à ce geste qui a dévasté son monde.
Cinq ans après, elle est toujours murée dans son chagrin, vit seule avec ses souvenirs, ne comprend pas son ex-mari qui a pris un nouveau chemin, se tournant vers la vie avec une nouvelle compagne. C’est au détour d’un rayon de supermarché qu’elle va croiser le meurtrier. Libre. Agressif. Indompté. Vibrant d’une colère sourde qui ne s’est pas tarie, bien au contraire, elle décide alors de le pister, comme par instinct, sans trop chercher à savoir pourquoi. Ce jeune homme au visage fermé et aux poings serrés la raccroche inévitablement à son histoire intime, comme le témoin douloureux d’une page qu’elle refuse de tourner. En le suivant, en cherchant à savoir qui il est, ce qu’il est devenu, c’est comme si elle reprenait le cours de la tragédie là où elle l’avait laissé, comme si, enfin, elle retrouvait une énergie depuis longtemps perdue. Elle découvre ainsi qu’il est en liberté conditionnelle, apprenti chez un plombier. Prétextant des travaux urgents dans sa maison de campagne, elle s’arrange pour l’y entraîner, et être seule avec lui…
Elle a déjà tout perdu et n’a donc plus rien à gâcher, elle veut reprendre le pouvoir sur cet individu qui l’a anéantie, et croit que la vengeance pourra lui apporter, enfin, l’apaisement.
Mais rien n’est jamais tranché, rien n’est jamais simple. La confrontation entre les deux va prendre une tournure singulière quand Aline réalise peu à peu que ce jeune homme hargneux est lui aussi, pour d’autres raisons, rongé d’un mal intérieur qui le consume.
Karin Viard, que l’on a souvent vue dans des rôles de mère, réussit encore à nous surprendre par l’évolution de son personnage, prisonnière d’un chagrin dont elle tente douloureusement de sortir. Darren Muselet, le jeune comédien qui lui fait face, possède ce mélange ambigu de force brute et d’une fragilité qui raconte les blessures de l’enfance. Leur duo est percutant et l’émotion palpable.
Le point de départ du film est né d’une question qui habite depuis longtemps la cinéaste : comment fait-on pour pardonner ? « A partir de là, je me suis dit : quelle est la pire chose qui puisse nous arriver ? Et donc la plus difficile à pardonner ? Que quelqu’un tue notre enfant. Ce thème du pardon rejoignait aussi un autre thème très important pour moi : celui du rôle de mère. C’est quoi être mère ? Comment accompagne-t-on son enfant en tant que mère et jusqu’où ? Une mère est donc une histoire très personnelle. Pas dans le sens factuel d’une histoire autobiographique, mais dans le sens des émotions qui traversent le film. »