Nous trois ou rien TP

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D'un petit village du sud de l'Iran aux cités parisiennes, Kheiron nous raconte le destin hors du commun de ses parents Hibat et Fereshteh, éternels optimistes, dans une comédie aux airs de conte universel qui évoque l'amour familial, le don de soi et surtout l'idéal d'un vivre-ensemble.

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Le gâteau du Chah

Un film marrant comme tout, intelligent, plein de surprises et de chaleur, débordant d’amour pour l’humanité toute entière et en particulier pour ceux qui ont inspiré le film : les parents de Kheiron, drôle d’énergumène qui arrive dans ce qui est son premier film à faire « rire aux larmes, bouleverser les âmes, interpeller les consciences » comme écrit un spectateur. On ajoutera qu’il nous fait traverser trente ans d’histoire de la façon la plus surprenante, franchir trois ou quatre frontières pour atterrir dans une cité de la banlieue parisienne, nous donne une foultitude d’informations qui trouvent leur prolongement dans notre histoire présente… endossant lui-même le rôle de son propre père, un bonhomme hors du commun, indécrottable optimiste à qui il rend ici un hommage affectueux à travers une histoire qui a toutes les apparences d’un conte alors qu’elle nous raconte des choses terribles et qui auraient du mal à passer sans cette façon de les dire, pleine d’humour, d’inventions audacieuses et de vitalité. Ce film a tout l’air d’une déclaration d’amour à son père, sa mère, ses frères et ses sœurs… ses amis et parvient à nous convaincre que rien n’est jamais perdu tant qu’on est persuadé du contraire. Quel tempérament ce Hibat (le nom du papa) ! Issu d’une famille très nombreuse, très solidaire, très animée. Jeune avocat, irréductible et turbulent opposant au Chah d’Iran et à son régime répressif, il sera condamné à la prison, avec plusieurs de ses copains et frères. Il passera sept années de mauvais traitements dans les prisons iraniennes… Une peine qu’il finira au mitard pour avoir refusé, un beau jour du printemps 1975, de manger le gâteau offert par le Chah pour son anniversaire à tous les prisonniers. Comme beaucoup d’opposants, il se réjouit tout d’abord de la révolution qui renverse le Chah (79) et lui permet de retrouver la liberté. Mais au premier discours de l’ayatollah Khomeiny, il comprend vite qu’elle ne va pas amener la démocratie dont il rêve et se retrouve à nouveau dans l’opposition au nouveau régime. Entre temps il a rencontré celle qui va devenir sa femme (ahrr la séquence où il demande sa main à ses beaux-parents…) une drôle de gonzesse (chouette Leila Bekhti) avec qui il va faire très vite le bambin qui réalisera le film de sa vie en 2015 après avoir fait ses classes avec Djamel Debouze et Canal…  Leur fuite d’Iran à travers les montagnes enneigées du Kurdistan (83), leur passage en Turquie,(le film fut tourné au Maroc) leur atterrissage à Stains (84)… une épopée miraculeuse dont on se demande encore comment ils ont pu en sortir… le tout emballé avec un humour décapant et des comédiens qui semblent se marrer comme des petits fous… certains des personnages auront une fin moins heureuse (mais bel hommage à ceux-là aussi : la drôlerie n’empêche pas l’émotion). Trop beau diront certains ! D’autre s’énerveront : on ne rigole pas avec la torture. Faire du Chah un personnage de bande dessinée peut en hérisser d’autres… Foin des pisse-vinaigre : la dérision n’est-elle pas le meilleur moyen de conjurer l’horreur ? Se se donner de la force pour parvenir à résister et de rappeler des choses que certains ignorent et que beaucoup ont déjà oublié ? C’est un hymne fichtrement positif et bienveillant à la liberté, à la tolérance, à l’intégration et la réalité donne raison à ce parti pris de prendre les choses du bon côté quoi qu’il arrive : une bonne façon de donner le ton pour ce début d’année qu’on vous souhaite excellente. Et que l’humour nous préserve tous de devenir de vieux imbéciles craintifs et amers…