À l'abordage

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Paris, un soir au mois d'août. Un garçon rencontre une fille. Ils ont le même âge, mais n'appartiennent pas au même monde. Félix travaille, Alma part en vacances le lendemain. Qu'à cela ne tienne. Félix décide de rejoindre Alma à l'autre bout de la France. Par surprise. Il embarque son ami Chérif, parce qu'à deux c'est plus drôle. Et comme ils n'ont pas de voiture, ils font le voyage avec Édouard. Évidemment, rien ne se passe comme prévu. Peut-il en être autrement quand on prend ses rêves pour la réalité ?

Vos commentaires et critiques :

 

Guillaume Brac est devenu un peu le héros dans le coin de Cergy depuis qu'il a réalisé un documentaire magique sur la base de loisirs, cet endroit unique où se retrouvent dès les premiers beaux jours venus tous les ados et familles de l'agglo privés de vacances plus exotiques. Un film étonnant, un film doux, drôle et attachant qui séduisait bien au delà du neuf-cinq tant sa portée était universelle. Après deux premiers films qu'on peut qualifier « d'arrière-saison » – Un monde sans femmes avec la géniale Laure Calamy, tourné dans une petite station balnéaire picarde, et Tonnerre, tragi-comédie dépressive avec Vincent Macaigne et Bernard Menez, tourné en Bourgogne –, Guillaume Brac montre donc avec L'Île au trésor et À l'abordage qu'il semble désormais attaché à l'été et aux amours de jeunesse. 
À l'abordage est un projet construit avec les jeunes étudiants du Conservatoire National d'Art dramatique de Paris. Le film commence de manière assez classique avec le jeune Felix qui, un soir d'été parisien, a un crush pour Alma. Laquelle Alma, ça tombe mal, part en vacances dans la Drôme dès le lendemain ! Et voilà l'optimiste et peut-être un peu présomptueux Felix qui décide de rejoindre sa belle sans juger utile de la prévenir. Embarquant au passage son ami Chérif, le bon copain un peu bouboule de service, histoire que la balade estivale soit plus drôle. Les deux amis vont se rendre dans la Drôme avec un chauffeur de co-voiturage, Edouard, un vrai fils à sa maman vite moqué par les deux compères... Toujours est-il que le trio s'installe non loin du lieu de villégiature d'Alma, dans un camping sympa en bord de rivière. Mais le scénario de Félix s'écrira t-il comme prévu ? La belle Alma sera-t-elle vraiment enchantée de voir débouler sans crier gare sa rencontre d'un soir ? Chérif va-t-il trouver, contre toute attente, l'amour ? Edouard pourra-t-il sortir de son personnage de garçon gentiment coincé ?
Guillaume Brac suit les sentiers faussement balisés de la comédie Nouvelle Vague estivale, dont les représentants incontournables furent Eric Rohmer et, moins connu mais tout aussi savoureux, le merveilleux Jacques Rozier, dont le ton et le style de Brac se rapprochent davantage. Mais il a réussi, tout en gardant le côté délicieux de ses maîtres, à rendre tout à fait contemporain ce type de récit. Grâce en grande partie à la spontanéité de ses jeunes acteurs du conservatoire, à qui il a laissé une grande part d'improvisation dans les dialogues. Les deux comédiens principaux, jeunes Noirs issus des quartiers populaires, ancrent le film dans la France actuelle de la diversité. Sans gommer les enjeux de classe sociale ou de différences culturelles, À l'abordage ne tombe heureusement jamais dans la démonstration lourdingue et évite les clichés, les personnages ne ne définissant pas par leur identité mais par leurs désirs, leurs rêves, leurs actes.
En tout cas, À  l'abordage, bourré de moments aussi tendres qu'hilarants, est le petit bijou drôle et tendre de l'été, qu'on savoure comme une glace à l'eau, ou comme une chanson pop que l'on massacre lors d'un karaoké.