Le Professeur de violon TP

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Laerte, talentueux violoniste, rêve depuis toujours d'intégrer l’orchestre symphonique de São Paulo. Dévoré par le trac, il échoue à l'audition et accepte à contrecœur d'enseigner la musique à des adolescents d’Heliópolis, la plus grande favela de la ville. Dans cet univers pourtant hostile, où gangs et dealers règnent en maîtres, Laerte va tisser des liens forts avec ses élèves, découvrir des talents insoupçonnés et changer leur vie à jamais.

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La musique adoucit les mœurs… mais ici elle fait mieux encore : elle élève, elle structure ceux qui la pratiquent. En Amérique Latine elle est devenue depuis longtemps un remède contre l'exclusion sociale, le sous développement culturel et la violence que font régner les gangs divers dans les quartiers dits défavorisés (euphémisme)… C'est parti du Venezuela, où Antonio Abreu, économiste musicien, a créé en 1975 « El Sistema », qui regroupe désormais 500 000 jeunes dans 125 orchestres. Puis l'idée a fait école dans plus de 90 pays, y compris en France… Au Brésil, c'est le maestro Silvio Baccarelli qui a créé à Heliópolis, en 1996, l'Institut qui porte son nom. Son expérience a inspiré d'abord une pièce de théâtre qui a elle même inspiré ce très beau film.
Laerte est un jeune violoniste magnifique mais complètement stressé et, lors du concours qui pourrait le propulser au firmament des solistes, il reste paralysé devant le jury qui doit l'auditionner… Pire qu'un couac, c'est un trou, c'est un gouffre, une incapacité totale à sortir trois notes cohérentes de son violon qui le laisse désespéré. Il est donc inévitablement recalé. Issu d'une famille des plus modestes, tourmenté à l'idée de la décevoir, il cache son échec et accepte le premier boulot qui se présente : enseigner, dans la plus grande favela de São Paulo, la plus pauvre et la plus violente, concertos et symphonies à des ados constamment confrontés à une misère qui semble les condamner à la délinquance. Le premier contact le laisse consterné, tant les jeunots sont indisciplinés et les sons qu'ils tirent de leur instrument discordants. Il faut avoir son oreille exercée pour finir par deviner le petit bout de virtuosité atypique qui dépasse de la confusion générale, mais aussi une bonne dose de bienveillance pour capter au vol les éclairs d'intelligence vive qui laissent entrevoir chez eux la possibilité de l'espoir. 
Parmi ces jeunes en friche, Samuel se distingue très vite, mais en même temps qu'il s'émerveille de sa virtuosité, Laerte plonge dans une vie dont il n'imaginait pas la dureté. L'apprentissage n'est pas facile pour ces gamins coincés entre la mafia locale, des familles perturbées où il est difficile de s'isoler, des relations de violence qu'ils entretiennent entre eux, répercutant sur les autres la brutalité qu'eux-mêmes subissent…
Pour Laerte chaque jour est une épreuve et on se dit qu'il ne va pas tarder à jeter l'éponge. Mais il se rend compte très vite que ce quartier dans lequel il venait à reculons lui apporte autant que ce qu'il lui apporte. Même les trafiquants locaux se montrent sensibles à son talent, et l'invitent à animer une de leur fêtes… L'orchestre de fortune devient peu à peu un refuge, et s'il lui renvoie l'image de ses propres difficultés, il mesure le rôle important que représente la musique pour la plupart d'entre ces garçons et filles qui l'attachent de plus en plus et il prend plaisir à persister : un début d'harmonie prend forme, les notes sonnent de plus en plus clair et de plus en plus juste, le plaisir devient collectif, crée des liens, ouvre aux autres, leur donne une autre vision d'eux-mêmes. La réalité et les difficultés reprennent souvent le dessus, mais ces moments de connivence partagée deviennent pour chacun comme une promesse d'évasion, un moyen de s'élever au dessus d'une réalité qui parfois les rattrape pour le pire…