Irréprochable

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Sans emploi depuis un an, Constance revient dans sa ville natale quand elle apprend qu’un poste se libère dans l’agence immobilière où elle a démarré sa carrière, mais son ancien patron lui préfère une autre candidate plus jeune. Constance est alors prête à tout pour récupérer la place qu’elle estime être la sienne.

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Exemplaire

Porté de bout en bout par Marina Foïs, une comédienne qui n’en finit décidément pas de nous surprendre, Irréprochable vibre d'une tension digne des meilleurs thrillers. Noir, ce film l’est sans doute, non pas tant par la trame de son récit, qui tient plus du drame psychologique – pour celles et ceux qui aiment les cases –, mais plutôt par la sensation inquiétante – euphémisme – qui émane de son personnage principal. En cela, voilà un film qui parvient parfaitement à rendre palpables les contradictions et les tourments d’un être en perdition : entendre par « en perdition » quelqu'un qui se noie et cherche coûte que coûte une bouée de sauvetage pour ne pas sombrer. Tour à tour pathétique, irritante, cabossée, menaçante mais aussi sensuelle, émouvante, enfantine, on n'est pas près d’oublier Constance. C’est le genre de rencontre qui colle à la mémoire du spectateur… qui colle comme la poisse, un mauvais rêve ou bien le souvenir tenace d’une rencontre particulière, où rien ne semble jamais définitif, ni pour le meilleur ni pour le pire.
Constance a perdu l’essentiel de sa vie : son boulot. Elle a perdu aussi, par effet domino : un toit, une vie sociale, un statut, une histoire à raconter aux autres, la sienne. Mais Constance, si elle n’a plus de ressources, a beaucoup de répartie et la volonté farouche, presque obsessionnelle, de rebondir. Paris, la ville qu’elle a cru conquérir voilà quelques années en quittant sa province natale, l’a aujourd'hui recrachée comme un vulgaire déchet. Plus rentable, plus productive, plus intéressante, plus bonne à rien, Constance. Alors elle va faire le chemin à l’envers, revenir aux sources, dans la petite ville de la Charente-Maritime où elle a grandi, où sa mère vit encore, où elle a connu ses premiers amours, son premier emploi… La ville qu'il n'y a pas si longtemps elle a voulu fuir.
Constance est persuadée que l’agence immobilière où elle travaillait avant est prête à la reprendre. Quelle équipe ne voudrait pas dans ses rangs d’une professionnelle formée sur le marché parisien ? Mais on comprend assez vite que la réalité de Constance n’est pas tout à fait conforme à celle du monde qui l’entoure. On comprend vite que Constance n’est pas tout à fait conforme à l’image de la quarantenaire cool, sportive et détendue qu’elle veut renvoyer aux autres. On comprend aussi que Constance est un être tendu comme un arc prêt à lancer sa flèche assassine. On comprend que Constance cherche désespérément sa bouée de secours. Un emploi. Un corps pour exulter. Une mère malade à qui parler. Un confident du passé pour s’épancher. On comprend qu’irréprochable n’est pas vraiment le qualificatif qui la définira le mieux…
Sans rien révéler du suspense qui va faire vibrer cette histoire où se mélangent âprement l’humour et le désespoir, la quête de reconnaissance sociale et la folie discrète qui fait son nid en douce au cœur des âmes fragiles, Irréprochable peut aussi se voir comme une fable sans illusion sur notre monde… Un monde cruel où le travail est devenu une denrée rare et précieuse et où la relation à l'autre, si facile dans l'omniprésente et trompeuse sphère virtuelle, est douloureuse et compliquée dans la lumière crue de la vraie vie.