Mise à mort du cerf sacré

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Steven, brillant chirurgien, est marié à Anna, ophtalmologue respectée. Ils vivent heureux avec leurs deux enfants Kim, 14 ans et Bob, 12 ans. Depuis quelques temps, Steven a pris sous son aile Martin, un jeune garçon qui a perdu son père. Mais ce dernier s’immisce progressivement au sein de la famille et devient de plus en plus menaçant, jusqu'à conduire Steven à un impensable sacrifice.

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CANNES 2017: COMPÉTITION

Rien ne cerf de courir

Le réalisateur grec Yórgos Lánthimos a déboulé sur la scène internationale avec son troisième long métrage, Canine, prix de la jeunesse et prix Un certain regard au Festival de Cannes 2009. C’est fin 2014 qu’il a soumis l’idée de Mise à mort du cerf sacré au producteur Ed Guiney, avec lequel il avait collaboré sur la postproduction de son film précédent. La première version du scénario était prête au moment de Cannes 2015, où The Lobster y obtenait le prix du jury. "Dans le même temps, raconte Guiney, nous avons commencé à développer un autre sujet avec Yórgos, The Favourite, que nous espérions alors tourner au printemps 2016, et nous comptions enchaîner ensuite immédiatement avec Mise à mort du cerf sacré. Quand The Favourite s’est vu décalé d’un an, début 2016, nous avons pris la décision d’accélérer le mouvement et de bouleverser totalement nos plans, de façon à être en mesure de tourner Mise à mort du cerf sacré au cours de l’été 2016. Yórgos tenait absolument à retravailler avec Colin Farrell et souhaitait depuis longtemps collaborer avec Nicole Kidman, or, il s’est trouvé que l’un et l’autre étaient disponibles en août." Le tournage a duré huit semaines et s’est déroulé pour un tiers dans une extension ultra-moderne du Christ Hospital de Cincinatti. Par la suite, poursuit Guiney, "Yórgos a passé la fin de l’automne en Grèce à monter le film, avant de retourner à Londres, fin novembre, pour le finaliser et lancer simultanément la préproduction de The Favourite dont le tournage était prévu à partir du 20 mars 2017 avec Emma Stone, Rachel Weisz et Olivia Colman."

Steven (Colin Farrell), brillant chirurgien, est marié à Anna (Nicole Kidman), ophtalmologue respectée. Il mène une vie confortable, entre son hôpital, sa maison, ses deux enfants et son épouse qui partage paisiblement ses petits travers et perversion. Depuis quelques temps, Steven a pris sous son aile Martin, un jeune garçon qui a perdu son père. Mais ce dernier s’immisce progressivement au sein de la famille et devient de plus en plus menaçant, jusqu’à conduire Steven à un impensable sacrifice. Nous sommes alors propulsés dans un univers déviant.  Lánthimos use d'un mixage sonore qui confine parfois à l'agression, tant il traque la moindre nappe de son pour la transformer en une source d'angoisse. Il en va de même pour la photographie, la plus vivante, lumineuse et chaude jamais vue dans un de ses films. La beauté plastique de l'ensemble ne contredit alors jamais le malaise suffocant que cherche à provoquer le film, mais le nourrit constamment, jouant malicieusement avec le spectateur, auquel il offre de fausses zones de confort. Lánthimos  se hisse à un niveau de virtuosité qu’on ne lui avait jamais connu avec cette fascinante mise en scène d’un effondrement. Le mode de vie des riches et le fonctionnement de la famille deviennent l’objet d’une auscultation clinique. Le froid et le vide semblent gouverner ces existences où la culpabilité et la terreur s’installent d’autant plus facilement. L’inscription des personnages dans les décors (à la maison comme à la clinique) impressionne. Les acteurs sidèrent aussi, en premier lieu Nicole Kidman, épouse robotique, à l’aura dérangeante. Entre humour noir, observation implacable et transgression, le réalisateur de The Lobster signe un thriller chirurgical virtuose !