Troppa Grazia TP

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Lucy, mère célibataire, bataille pour trouver un juste équilibre entre sa fille adolescente, une histoire d’amour compliquée et sa carrière et géomètre. Son avenir professionnel se voit compromis lorsqu'elle réalise que la future construction d’un bâtiment ambitieux s’avère en fait être dangereux pour l’environnement en raison de cartes topographiques inexactes du conseil municipal. Lucia est tiraillée mais pas peur de perdre son travail, elle décide tout de même de garder le silence sur cette découverte. Une mystérieuse étrangère essaye alors de convaincre Lucia de tenir tête à ses supérieurs et recommande la construction d’une église sur le site du chantier problématique. Lucia, qui croit aux miracles, va rapidement être mise à l’épreuve.

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QUINZAINE DES RÉALISATEURS 2018 - FILM DE CLÔTURE

Miracle à l’italienne

C’est par une comédie italienne que Edouard Waintrop a choisi de clôturer cette 50e Quinzaine des réalisateurs, qui sera sa  dernière sélection. Son réalisateur, Gianni Zanasi, avait déjà présenté en 1995 dans la même section Nella mischia, son premier film. Produit par Rita Rognoni (Pupkin) et Beppe Caschetto (IBC Movie), avec le  soutien de Rai Cinema, Troppa grazia a été tourné durant huit semaines à Viterbo et ses environs, au cœur de la Tuscie, région méconnue et  berceau de la civilisation étrusque. Sur un scénario écrit à quatre mains par le cinéaste avec Giacomo Ciarrapico, Federica Pontremoli et Michele Pellegrini, il suit le personnage d’une femme séparée de son mari, incarnée par Alba Rohrwacher. Elle rencontre une jeune femme qu’elle prend d’abord pour une réfugiée, avant de se rendre compte qu’il s’agit de la vierge Marie. Le film a été récemment  acquis par le distributeur KMBO. 

Cette comédie écologiste de Gianni Zanasi présente Alba Rohrwacher dans le rôle d’une géomètre qui voit la Madone et fait barrage à un gigantesque projet de spéculation immobilière.
Les géo philosophes nous disent que l'urbanisation moderne détruit le rapport qu'on a aux lieux, leur orientation spatiale et symbolique, qu’elle finit par effacer les traits millénaires des cultures locales, que les architectes et ingénieurs, avec leurs projets conçus sur le papier, se sont substitués dans le rôle de constructeurs aux habitants, qui avaient façonné le territoire en maintenant une sage alliance, séculaire, avec la nature.
C'est sur cette idée qu'il faut être en accord avec le genius loci que se fonde Troppa grazia de Gianni Zanasi, le film de clôture de la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes. Le personnage qu’on voit évoluer dans des paysages tout italiens, faits de douces collines et de campagnes foisonnantes (le film a été presque entièrement tourné à Viterbo et en Tuscie, une région située entre le Latium, la Toscane et l'Ombrie), est Lucia (Alba Rohrwacher), une géomètre célibataire de 36 ans qui vit avec sa fille adolescente et qui a du mal à joindre les deux bouts. Elle est timide, scrupuleuse, et elle a un petit ami ouvrier spécialisé qui travaille sur des chantiers (Elio Germano) et qui l'a trompée. On fait justement sa connaissance au moment de la dispute qui va précéder leur séparation. Grâce à un ami (Giuseppe Battiston), la jeune femme parvient à se faire employer par la commune où elle habite : elle va devoir effectuer des mesures et contrôles sur un grand terrain situé en pleine campagne, terrain où va être construit un gigantesque complexe immobilier nommé la Grande Vague. Sauf que quelque chose ne va pas : les documents et cartes qu’on a fourni à notre géomètre ont été falsifiés et ne correspondent pas à la réalité. Décidée à poursuivre malgré tout son travail et à favoriser ainsi la naissance d’une nouvelle "cathédrale dans le désert", ce qui ne sera probablement pas sans conséquences sur l'environnement, Lucia retourne à la campagne pour poursuivre ses relevés. Là, elle voit se rapprocher d’elle une jeune femme coiffée d'un voile (l'Israélienne Hadas Yaron), à mi-chemin entre une migrante et la Madone. Cette incarnation mystique lui réapparaît le soir même, chez elle, et lui intime de devenir sa porte-parole et de faire construire une église là où elle lui est d’abord apparue. Le transcendantal fait ainsi irruption dans le récit, qui garde cependant le ton d’une comédie, et ce jusqu'à la fin. Le conflit entre la laïcité profonde de Lucia et les apparitions surnaturelles donne lieu à des situations pour le moins cocasses. À la conférence de presse de présentation du projet immobilier, par exemple, on voit Lucia se faire empoigner et jeter à terre par une force invisible – car elle est la seule à voir cette madone énergique et brusque, sa madone personnelle. À partir de là, la nouvelle se répand que la Madone est apparue à Lucia et qu'elle ne veut pas que la Grande Vague soit construite. Ainsi soit-il. Eau est le mot-clef qui va conduire au "miracle", et enfin à l'apothéose écologique, de la main dévastatrice de l'ex petit-ami ouvrier.