Domingo TP

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Au sud du Brésil, Laura, matriarche d’une famille de la haute bourgeoisie, retrouve les siens dans leur maison de campagne, pour un repas dominical. Mais en ce jour d’investiture du président Lula, rien ne se passe comme prévu. Comme en écho à ce séisme politique, tout semble se dérégler dans la propriété : les domestiques renâclent, la maison se délabre à vue d’œil, et les névroses et secrets de trois générations menacent de tout emporter.

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Un portrait choral qui met en lumière un moment important de l'histoire du Brésil lors d'une réunion familiale animée. C'est la description de Domingo du duo brésilien formé par Fellipe Barbosa (récompensé à Cannes pour Gabriel et la montagne et Clara Linhart (à son premier long métrage de fiction), en lice aux 15e Giornate degli Autori de Venise. Toute l'action du film est concentrée sur un samedi, un samedi qui ressemble presque à un dimanche tant il est rempli d’oisiveté, d’attente et de suspense: celui de l'élection de Lula à la présidence du Brésil. Cette élection marque aussi le moment où l’ancienne oligarchie commence à craindre que ses richesses et privilèges ne s’envolent. La plus inquiète de la famille est Laura (Itala Nandi), la matriarche snob et hautaine de la famille. C'est le 1er janvier 2003, et cette famille élargie de propriétaires terriens est réunie dans leur maison de campagne délabrée – où habite un des enfants de Laura, Nestor (Augusto Madeira), avec sa deuxième épouse Bete (Camila Morgado), qui est folle – pour célébrer le Nouvel An et les 15 ans de la petite-fille adorée Valentina (Manu Morelli). Tout commence quand Laura arrive avec son autre fils, Miguel (Ismael Caneppele), à la maison, où les attendent aussi Eliana (Martha Nowill), enceinte de neuf mois et au bord de la dépression nerveuse, et son mari Eduardo (Michael Wahrmann), ainsi que les nombreux petits-enfants de Laura. Les 90 minutes suivantes du film entraînent le public dans un tourbillon de discussions, de toasts, de querelles, de rires et même de sexe (plus qu'on ne le penserait à l'occasion d'une réunion de famille) entre le jardin où se déroule le barbecue, la cuisine où la femme de ménage Inês (Silvana Silvia) repousse continuellement les avances que font les membres adolescents de la famille à sa fille Rita (Maria Vitória Valença) et les chambres où certains se cachent pour prendre de la cocaïne, regarder des films hardcore et habiller des enfants innocents comme des femmes. Le film se compose de plusieurs plans-séquences. Parfois, la caméra reste fixe pour suivre l'action (en particulier dans le jardin). À d'autres moments, elle suit les mouvements des personnages autour de la maison, à un rythme raisonnable. Il n’y a aucun moment de repos ou d’ennui, étant donné la dynamique entre les différents personnages et toute la passion, la trahison, la jalousie, la rivalité, les différences politiques et l’affrontement des classes qui se jouent ici. En arrière-plan, la télévision et la radio diffusent les propos de Luiz Inácio Lula da Silva, le métallurgiste devenu président : son discours inaugural, ses projets pour un changement qui sera la revanche de la classe ouvrière... Certains des présents se réjouissent de son élection, d'autres ne veulent tout simplement rien savoir. Certains voient un nouvel avenir s'ouvrir devant eux, d'autres ont l'impression d'être témoins de la fin de tout. Le scénario a été écrit en 2005 (par Lucas Paraizo, également co-auteur de Gabriel et la montagne), mais le recul qui est pris ici par le film, quelques années après les faits, s’avère très efficace, car toutes les préoccupations exprimées à l'époque se sont depuis révélées sans fondement (les classes riches n'ont pas été lésées) et on connaît à présent les affaires de corruption dans lesquelles a été impliqué Lula. Le film parvient à décrire un moment de transition avec beaucoup d'ironie, et dépeint la disparité sociale et la division en classes avec beaucoup de cynisme - des différences qui sont apparemment déjà bien ancrées dans les jeunes générations.