Saigneurs

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Le travail. De tous, le pire travail qui soit parce que pénible, dangereux sous-payé, précaire... le pire qui soit parce que nié par notre société de consommation... le pire travail qui soit est celui de découpeur, tripier, tueur, désosseur, pareur, saigneur… Autant de spécialités que l’on retrouve dans un abattoir. Le lieu chargé de fantasmes, métaphore de cette société qui broie, formate…symbole de ce monde du travail qui cache ses prolétaires et le « sale boulot ».
  • Titre original : Saigneurs
  • Fiche mise à jour le 16/02/2017
  • Année de production : 2015
  • Réalisé par : Raphaël Girardot, Vincent Gaullier
  • Date de sortie : 01 mars 2017
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Iskra
  • Distributeur international : non renseigné
  • Durée : 97 minutes
  • Origine(s) : France
  • Genre(s) : Documentaire
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 16/9ème - HD
  • Format son : Stéréo
  • Visa d'exploitation : non renseigné
  • Indice Bdfci :
    66%

Vos commentaires et critiques :

Le sang des bêtes

Découpeurs, estampilleurs, saigneurs… Autant de métiers qui correspondent aux trente tâches de la chaîne de mille personnes du hall d’abattage où les réalisateurs ont réussi à filmer. Fait rare, ils ont pu s’entretenir avec les employés pendant leur service, malgré le bruit et la cadence. Tout commence par une attente : des mouvements en apparence pour rien, sans le sang des bêtes – les sept minutes de gymnastique obligatoires. Une fois la chaîne lancée, frappe bien sûr le « sale boulot », la rapidité experte de l’éviscération et du dépeçage. Mais le cadrage et l’équilibre entre image et parole rejettent tout sensationnalisme. Pas question non plus de se focaliser sur le moment de l’abattage proprement dit. Les entretiens mettent au jour le système hiérarchique reposant sur une précarité chronique, redoublée par le risque d’accident. Peu à peu, sur l’évidente souffrance animale se calque une souffrance humaine tout aussi palpable, physique – à tel point que la douleur en vient à définir le travail : « J’ai les épaules qui craquent… C’est peut-être ça, le travail, allez savoir. Je suis pas cassé, alors je reste… », lâche un employé. Sans forçage discursif, le film trouve dans cette usine d’un type particulier un exemple hyperbolique de la condition actuelle de travailleur à la chaîne – celle d’une optimisation des forces à tout prix, jusqu’à « casser du bonhomme ».