Les Choses humaines

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Un jeune homme est accusé d’avoir violé une jeune femme. Qui est ce jeune homme et qui est cette jeune femme ? Est-il coupable ou est-il innocent ? Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé. N’y a-t-il qu’une seule vérité ? Les choses humaines, interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs.

Vos commentaires et critiques :

 

C’est l’histoire d’une machine infernale qui s’emballe, et elle s’emballe toujours quand dans ses rouages on trouve sexe, soif de puissance, médias et air du temps. C’est aussi l’histoire de deux mondes qui s’affrontent, deux univers parallèles qui d’habitude le restent et ne se croisent pas. Et lorsqu’ils le font, c’est souvent avec les codes de la domination. C’est aussi l’histoire de notre époque et de sa jeunesse.
Très fidèlement adapté du roman de Karin Tuil, Les Choses humaines est une entreprise ambitieuse et même assez audacieuse car elle embrasse sans manichéisme ni angélisme quelques-uns des questionnements qui enflamment régulièrement les débats : rapports de classes et domination sociale, violences faites aux femme et culture du viol, consentement, engagements féministes… Le scénario, habile, se révèle suffisamment bien construit pour donner aux comédiens principaux des rôles forts mais laisse aussi une place très équilibrée à tous les seconds rôles : Mathieu Kassovitz, touchant dans le rôle du père tiraillé entre deux camps, Benjamin Laverhne, excellent en avocat commis d’office, et Judith Chemla, percutante elle aussi dans sa brillante tirade pour porter la voix de la victime.
Si le film peut parfois mettre mal à l’aise et interpeller, c’est qu’il se refuse à toute analyse simpliste, préférant aux postures dogmatiques (qu’il pointe aussi) une approche plus complexe qui ne se contente pas d’aborder le sujet sous l’angle de la moralité ou d’une seule vérité. Les points de vue, les ressentis, l’époque, les normes sociales, les codes de classes et de communautés de même que la psychologie sont autant d’ingrédients qui alimentent la réflexion. Rythmé comme un thriller et construit comme un film classique « de procès », c’est une vraie réussite.
Bien que séparé, le couple Farel demeure toujours étincelant. Lui, Jean (Kassovitz), est un journaliste politique ultra-présent sur les plateaux télé, sa devise pourrait-être « Tout contrôler, ne rien lâcher ». Jean est un homme à femmes, un homme de pouvoir, un homme de réseaux. C’est aussi un homme vieillissant qui s’accroche. Son ex – femme, Claire (Charlotte Gainsbourg), est une brillante essayiste connue pour ses engagements féministes forts, la parfaite figure de l’intello de gauche que les radios adorent inviter. Ils ont un fils, Alexandre (Ben Attal), qui étudie dans une grande université californienne. Alexandre est le parfait produit de la reproduction sociale : il a grandi dans un milieu aisé, a fréquenté les meilleures écoles, il est cultivé, érudit et porte l’arrogance faussement innocente des jeunes gens de sa caste.
Lors d’un rapide passage à Paris, Alexandre rencontre Mila (Suzanne Jouannet), la fille du nouveau compagnon de sa mère, avec qui il se rend à une soirée. Mila est plus jeune que lui, elle vient d’un milieu plus modeste, loin du Paris branché, cultivé, politique, mondain. Le lendemain, Mila dépose plainte contre Alexandre pour viol. Qui détient la vérité ? Où se cache-t-elle ? Dans le « non » que Mia n’a peut-être pas prononcé mais que son corps a hurlé ? Dans le « oui » qu’Alexandre a cru comprendre ? Dans le déni de l’un ? Dans la souffrance de l’autre ?