Seule à mon mariage

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Pamela, jeune Rom insolente, spontanée et pleine d’humour, rêve de liberté et d’ailleurs. Rompant avec les traditions, elle part vers l’inconnu, avec trois mots de français pour seul bagage, et l’espoir d’un mariage en Belgique.

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La réalisatrice Marta Bergman a fait ses classes dans le documentaire. Pour sa première fiction, elle pioche dans un terreau qu’elle affectionne, la communauté roumaine, ce qui confère à son film prenant, très vivant, un réalisme bienvenu qui ne fige pas les choses. On sent qu’il y a du vécu mais surtout du recul, une finesse d’analyse qui permet à ses personnages de sortir des clichés caricaturaux. On perçoit les logiques de chacun, quand bien même elles seraient à l’opposé des nôtres. De ce qui aurait pu être considéré comme une « escroquerie sentimentale à but migratoire », elle fait une véritable histoire d’émancipation, pour ses deux protagonistes, l’homme comme la femme.
Au tout début est un petit village dans la Roumanie profonde, perdu, comme il se doit, au milieu de la neige, des vents froids. Un avenir tout tracé pour les filles : qu’importe étudier puisque leur destinée est d’être mariée et de procréer. Alors forcément Pamela n’a pas de diplômes. Avec sa force physique, sa fougue, elle ne rentre pas dans les cases et ne fait rien d'ailleurs pour y rentrer. Aucune velléité pour montrer des capacités de bonne ménagère, bonne cuisinière, bonne épouse… Et en plus, elle n'a pas été sage : avec désormais un bébé sur les bras, pas de père à désigner, elle n’à plus que la maisonnette de sa grand-mère pour se réfugier. Sacrée bonne femme que l'aïeule, qui peine à mettre du plomb dans la tête de la donzelle. Pamela est de fait assez tête à claques, traînant au lit comme une ado attardée alors que la vieille femme s'use aux tâches les plus rudes. Elle est un étrange mélange de môme capricieuse trop vite grandie et d’adulte à la féminité débordante, hormonale, un être un peu paumé à l’avenir désormais complètement bouché. Entre n’avoir que ses yeux pour pleurer et rêver, Pamela va choisir le rêve, quoi qu’il lui en coûte. 
Partir… Le contact est vite pris – par le biais d’une espèce d’agence matrimoniale qu’elle espère sérieuse – avec un homme qu’elle voudrait français, mais qui sera belge en définitive. Qu’importe du moment qu’il réponde aux critères minima : être propre et gentil. Pamela ne cherche pas un bon amant, un étalon comme elle en a déjà connu. Alors, si on lui jure que les mâles des deux nations s’équivalent, ça lui va ! L’accent diffère ? Ça ne change pas grand chose, puisque, de toute façon elle ne connait pas un traitre mot de langue étrangère. Pamela est pleine de bonne volonté pour faire ce grand saut dans le vide, ne plus dépendre de sa grand-mère, apporter le nécessaire à sa mouflette, leur procurer de quoi vivre sans s’inquiéter, être enfin un peu plus que la traînarde joyeuse certes, mais ô combien inutile à sa famille !
Les premiers mots, les premiers sourires échangés via l'écran d’ordinateur entre les deux inconnus sont émouvants, drôles, ouverts. Il n’en faut pas plus pour que les deux, malgré les centaines de kilomètres qui les séparent, se prennent à fantasmer, prêts à partager leur solitude réciproque.
Rendez-vous est pris, le billet d’avion aussi… Sans crier gare, sans prévenir ses proches, Pamela plante-là tout son ancien monde, ses remords et ses regrets aussi… Quand elle arrive en Belgique elle est accueillie par… Oh hé ! On ne va pas tout vous raconter non plus ! Prenez vite votre billet pour ne pas louper ce joli film qui rend hommage en parallèle à la communauté rom, « insaisissable car secrète mais riche en personnalités bourrées de talent et d’humour. » comme la décrit si bien la réalisatrice.