Dalton Trumbo

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Hollywood, la Guerre Froide bat son plein. Alors qu'il est au sommet de son art, le scénariste Dalton Trumbo est accusé d'être communiste. Avec d'autres artistes, il devient très vite infréquentable, puis est emprisonné et placé sur la Liste Noire : il lui est désormais impossible de travailler. Grâce à son talent et au soutien inconditionnel de sa famille, Il va contourner cette interdiction. En menant dans l'ombre un long combat vers sa réhabilitation, il forgera sa légende.

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Le syndrome Spartacus

Dalton Trumbo. Vous connaissez sans doute son nom, vous ne savez peut-être pas d'où. Peu-être un écrivain, ou un homme politique, à moins qu'il ne soit un réalisateur… Avec un patronyme pareil, il est aisé d'imaginer le bonhomme faisant du cinéma. Et de fait Dalton Trumbo fut un scénariste à succès pour le Hollywood des années 1950. Il a travaillé avec les plus grands (Kubrick, Preminger, Losey…) et remporté deux oscars de la façon la plus inattendue. Il a aussi écrit et réalisé le saisissant Jonnhy got his gun. Mais il eut surtout le triste privilège de faire partie de la liste noire la plus tristement célèbre de cette période sombre de l’histoire des Etats-Unis, celle des « Dix de Hollywood » : dix producteurs, scénaristes ou réalisateurs de cinéma qui furent convoqués en 1947 par la Commission sur les activités antiaméricaines, puis traqués, accusés et finalement emprisonnés pour leurs idées trop « rouges ».
Trumbo a finalement fait beaucoup pour l'histoire du cinéma, tout en faisant de la politique, façon dandy. Le film n’efface d’ailleurs pas les multiples paradoxes de ce sympathisant communiste prônant un monde plus juste et égalitaire mais côtoyant les riches producteurs, leurs grosses bagnoles, leurs gros cigares, leurs villas avec piscine et leurs toiles de maître. Derrière les beaux discours se cachait aussi un mari aimant mais intraitable, un père dévoué mais autoritaire, parfois même tyrannique, qui n’hésitait pas à faire passer sa machine à écrire avant l’anniversaire de ses mômes.
Dalton Trumbo raconte donc la vie passionnante de cet infatigable auteur pris dans la folie paranoïaque de ces années noires des États Unis. Comment il a tenu tête avec panache à la Commission McCarthy, comment lui et sa famille ont failli être brisés mais comment il a toujours su, avec malice et ruse, contourner les interdits pour continuer à faire ce qui le passionnait, ce qui le faisait vivre et vibrer : écrire des scénarios ! Et si possible depuis son poste de travail préféré : au fond de sa baignoire aménagée, avec un bon scotch dans une main et une cigarette clouée au bec. 
Plongée réjouissante dans cet âge d'or récemment évoqué dans le Ave César ! des frères Coen, le film est aussi un vibrant hommage aux scénaristes, du temps où ils faisaient encore la pluie et le beau temps à Hollywood, du moins quand on les jugeait fréquentables.
Il ne reste qu'à mentionner une équipe de comédiens tous formidables. Que ce soit Helen Miren en vipère réac à chapeaux faiseuse de roi ou de paria, John Goodman en producteur de nanars, amateur de fesses, de fric et de méthodes fortes et bien sûr Bryan Cranston, révélé au grand public grâce à la série Breaking Bad. Dans le rôle titre, ll livre une performance subtile, du père et mari attentionné au créateur fiévreux et inflexible, et incarne ce personnage hors du commun, romanesque et attachant, qu'était Dalton Trumbo, ce nom sur lequel vous mettrez désormais une moustache, une grosse paire de lunettes et un scénario.