Adieu Paris

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Un vieux bistro parisien au charme éternel. Huit messieurs à table, huit grandes figures. Ils étaient les « rois de Paris »… Des trésors nationaux, des chefs-d'œuvre en péril. Un rituel bien rodé... Un sens de l’humour et de l’autodérision intacts. De la tendresse et de la cruauté. Huit vieux amis qui se détestent et qui s’aiment. Et soudain un intrus...

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Adieu Paris c'est un repas de retrouvailles. Un repas assez particulier puisque, selon un étrange rituel, il réunit chaque année huit vieux amis, tous des figures de la vie nocturne, afin de reconduire la rente d’un homme récompensé pour un seul mérite : n’avoir strictement rien fait dans l’année écoulée. Un repas auquel est convié chaque année un invité extérieur trié sur le volet. C’est justement ce chanceux, un acteur belge tonitruant répondant au prénom de Benoît (inutile de vous le présenter davantage), qui parcourt guilleret les rues de Paris en direction du restaurant, en compagnie de sa douce (Isabelle Nanty), laquelle, malgré son insistance, ne pourra pas assister au déjeuner, la présence des conjointes étant strictement prohibée. Mais là où ça va très vite se corser, c’est que l’invité de l’année n’est plus franchement le bienvenu suite à un malentendu…
Parmi les nombreux aspects jubilatoires de ce huis-clos culinaire et drôlatique – qui n’est pas sans rappeler Le Goût des autres d’Agnès Jaoui avec le regretté Bacri –, il y a ce sens aigu du contrepied, du contre courant que cultive admirablement Edouard Baer. Alors que le jeunisme semble devenir une idéologie dominante, alors que les mecs, surtout en bande, en prennent – souvent à juste titre – pour leur grade, alors que Paris, notamment depuis la crise du COVID, fait nettement moins rêver, voici un film qui met en scène des hommes blancs aisés de plus de 50 ans, réunis dans une brasserie ô combien parisienne, la célèbre Closerie des Lilas, qui fit les grandes heures du Montparnasse littéraire. Alors oui, tous ces mâles plus très frais se réunissant autour de poireaux vinaigrette et de pot au feu ont un certain goût suranné, et Edouard Baer ne se prive pas de montrer le pathétique de leur arrogance. Les mâles en question sont incarnés par Pierre Arditi en chef de meute hâbleur jusqu’au ridicule, par ailleurs obsédé par Hitler, Jackie Berroyer parfait en clown triste semi mutique, Daniel Prévost en méchant caustique, Bernard Murat (surtout connu comme homme de théâtre) génial en cocaïnomane invétéré, et Bernard Lecoq en dragueur de serveuses risible. Avec, dans le rôle de l’invité indésirable, un Poelvoorde génial dans le surjeu du gars un peu trop sociable. Et derrière le bar, le regretté Jean-François Stévenin. Plus quelques apparitions dont on vous laisse la surprise. Autant dire que, vu l’incroyable distribution et les dialogues qu’Edouard Baer et sa complice Marcia Romeno ont ciselé pour elle, on oublie vite ses préjugés sur ces vieux gars un peu machos et trop sûrs d’eux. Et peu à peu s’installent une vraie profondeur, une mélancolie qui est aussi la marque de fabrique de Baer : derrière la brillante cruauté des échanges se révèle la détresse face au temps qui inexorablement fait son œuvre et n’épargne pas ces hommes qui ont chanté tout l’été et se retrouvent fort dépourvus aujourd’hui que l’âge est venu…