Petite Solange

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Solange a 13 ans, elle est pleine de vie et de curiosité avec quelque chose de spécial : elle est sentimentale à l’excès, et adore ses parents. Mais un jour, elle réalise qu’ils se disputent et commencent à s’éloigner…. l’ombre du divorce se précise. Alors Solange va s’inquiéter, réagir et souffrir. C’est l’histoire d’une jeune ado trop tendre qui voudrait une chose impossible : que l’amour jamais ne s’arrête.

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Pour son quatrième long métrage, la réalisatrice Axelle Roppert, ancienne journaliste aux Inrockuptibles révélée en 2009 avec La Famille Wolberg, retrouve un dispositif familier : une famille de la classe moyenne supérieure, dont l’un des membres révèle ses failles et angoisses. Mais elle l’aborde avec un regard tout neuf, une fraîcheur vivifiante, comme si c’était une première fois.
C’est une partition délicate, qui prend le temps de ne rien brusquer, de ne pas avancer de sentences définitives, comme si une mise en scène trop pesante, des dialogues trop sophistiqués pouvaient heurter la jeune Solange, personnage central du film.
Axelle Roppert a méticuleusement construit son récit autour de cette adolescente de 13 ans, tissant pour elle un cocon protecteur dont elle va pourtant dénouer plan après plan le fil si fragile. Il en est des enfants comme des papillons : sortir de sa chrysalide ne se fait ni sans efforts, ni sans blessures.
Solange a la chance d’être née dans une famille aimante, à l’abri des soucis matériels et du chaos du monde. Une bulle tendre dans laquelle elle navigue, innocente, depuis toujours. Sa mère est une comédienne certes peu connue mais qui s’épanouit au sein du troupe de théâtre solide, son père travaille dans un atelier de réparation d’instruments de musique et son grand frère, son ami et complice, s’apprête à suivre un cursus d’étudiant à Madrid.
Solange est bien dans ses baskets, une bonne scolarité, des copines, une maison agréable comme un nid douillet. Et l’adolescence pourrait ainsi poursuivre son chemin, naviguant sur une mer tranquille. Mais au loin, l’orage gronde. D’abord une dispute entre les parents, dont l’écho déformé et sourd lui parvient, puis l’air peu à peu se charge d’une étrange électricité. Alors le monde idéal de Solange se fissure et la violence de tout ce qui fait parfois les relations adultes s’immisce sans qu’elle l’ait invitée dans sa chambre d’enfant. Et un jour, l’évidence est là et le choc est brutal : ses parents vont se séparer.
Si le scénario est inspiré de l’expérience personnelle de la réalisatrice, elle le filme avec une retenue, un recul salutaires et contourne par un regard toujours bienveillant le chantage aux sentiments. Quelques références assumées au mélodrame classique, des clins d’œils fugaces cinéphiles émaillent le film, lui donnant une texture singulière. Mais son charme doit également beaucoup au jeu de Jade Springer, qui incarne à merveille ce mélange de détermination et de fragilité lié à son personnage, dans la lignée de Jean-Pierre Léaud dans Les Quatre cents coups (source d’inspiration revendiquée par Axelle Ropert, avec L’Incompris de Luigi Comencini parce que « l’Italie est la patrie naturelle du mélo ») ou Charlotte Gainsbourg dans L’Effrontée… Petite Solange mais grand personnage et grande comédienne en herbe, dans un grand petit film.