Pour les soldats tombés

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Entre 1914 et 1918, un conflit mondial change à jamais le cours de l’histoire. Les hommes et femmes qui y ont participé ne vivaient pas dans un monde silencieux, en noir et blanc. Un voyage dans le temps pour revivre l‘histoire avec ceux qui y étaient.

Vos commentaires et critiques :

Attention film exceptionnel

Ce n'est pas forcément dans le registre du documentaire historique que l'on attendait Peter Jackson, réalisateur, entre autres, de la saga Le Seigneur des anneaux… Mais il se trouve que le cinéaste néo-zélandais a toujours été passionné par la Première Guerre Mondiale, en premier lieu parce que son grand-père y a participé. Jackson explique qu'il n'a pourtant jamais eu envie de faire un « film hollywoodien » sur la guerre : « Mais lorsque l’Imperial War Museum m’a proposé d’utiliser leurs enregistrements originaux – plus de 2200 heures d'images tournées sur les différents théâtres d'opérations – et que nous avons découvert – en faisant des essais –, que nous pouvions les restaurer, c’est devenu le film de la Première Guerre mondiale dont j’ai rêvé toutes ces années durant. »
Pour les soldats tombés a donc été réalisé intégralement à partir de séquences originales de la guerre 14-18 provenant des archives du Musée Impérial de la Guerre, dont la plupart n'avaient jamais été vues par le grand public auparavant, tandis que la bande sonore est composée uniquement d'enregistrements audio de la BBC et d'interviews – recueillies dans les années 1960 et 1970 – de soldats britanniques ayant combattu durant ce conflit. L'équipe du film a écouté 600 heures d'interviews et visionné 100 heures d'images d'archives. 250 à 300 anciens combattants ont été enregistrés, 120 ont été retenus pour le film. Un travail de titan, qui a duré 4 ans !
Les images ont été nettoyées, restaurées, adaptées à la vitesse de défilement de 24 images par seconde et pour la plupart colorisées avec un soin maniaque, en utilisant toutes les possibilités des technologies informatiques, et le résultat est réellement impressionnant.
Ce sont les images des combattants sur le terrain, dans les tranchées, qui ont été colorisées – et élargies au format 16/9, le plus couramment utilisé actuellement –, et elles sont si réalistes, si précises qu'elles créent une sensation d'immersion, de proximité extrême avec ces hommes vivant dans des conditions inimaginables, affrontant des situations indicibles, en proie à des sentiments qu'on est bien incapable de qualifier. Sensation évidemment renforcée par les ambiances sonores elles aussi restaurées et par les voix des survivants qui se souviennent et qui tentent de raconter ce qu'ils ont vécu.
L'utilisation des voix enregistrées est d'ailleurs passionnante et constitue le socle narratif du film. Dans les premières séquences, laissées en noir et blanc et dans leur format carré, on assiste à l'engagement des futurs soldats, à leur entraînement, à leur départ vers le front en France : ici les mots recueillis sont optimistes, volontaristes, voire enthousiastes, on part combattre pour la bonne cause, pour la liberté, on va voir du pays, c'est presque l'aventure. Puis vient le cœur du film évoqué plus haut, dans les tranchées, et les survivants ne peuvent que dire le froid, le dénuement, la faim, la peur, l'horreur. Et quand on arrive aux séquences du retour, de nouveau en noir et blanc et format d'origine, c'est le carnage inhumain, la guerre incompréhensible et inutile, le « plus jamais ça » qu'évoquent les témoins.
Pour les dix millions de soldats tombés, un film qui marquera nos mémoires.