Mate-me Por Favor

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Une vague de meurtres tourmente une génération d’adolescents esseulée tout autant fascinée par la sexualité que par la mort, les selfies et… Jésus…

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Morts-vivants

Du sang frais coule dans le cinéma d’auteur brésilien, innervé par une nouvelle génération de cinéastes prenant à bras le corps le cinéma de genre. Anita Rocha da Silveira poursuit avec Mate-me por favor sa brillante exploration de l’inconscient d’adolescentes depuis ses courts métrages Handebol et Os Mortos vivos. Cette continuité est d’ailleurs incarnée par le personnage principal des courts comme du premier long métrage d’Anita Rocha da Silveira qui porte toujours le même prénom : Bia. On retrouve également le handball où les corps des adolescentes sont mises en rivalité pour vaincre l’autre en puisant sur l’essentiel de ses forces. Les soirées dansantes sont aussi un exutoire pour le corps qui expulse toute son énergie dans une stratégie de séduction et de capture de l’autre. De ces situations banales de la vie d’une adolescente, la cinéaste en fait le terreau fertile d’où surgit le climat d’épouvante subliminale de jeunes filles en fleur. Les préoccupations d’un âge sont omniprésentes comme le fond d’un Twilight mais le puritanisme de Stephenie Meyer comme de son adaptation cinématographique, en moins. Si la cinéaste connaît très bien les codes du cinéma de John Carpenter, elle s’en détache pour se consacrer à l’exploration de la psyché d’un groupe d’adolescente reflet de leur époque entre puritanisme évangélique, voyeurisme morbide des réseaux sociaux, affadissement de l’esprit via les télénovelas, etc. Chaque cadre savamment étudié contribue à créer une atmosphère unique, celle d’un monde irréel qui fonctionnerait pour et autour des adolescents en l’absence des adultes (totalement absents du film). Tout se passe comme si le fantasme du libéralisme prôné par cette période de l’adolescence devenait un cauchemar nourri par un retour du refoulé où règnent en maîtres Eros et Thanatos. Anita Rocha da Silveira est incontestablement une cinéaste qui dispose d’un regard, d’une vision, malgré es quelques faiblesses de scénario qui gagnerait à s’étoffer pour proposer un récit interne qui offre encore une dimension supplémentaire à ses personnages. Il n’en reste pas moins que la cinéaste est une excellente metteur en scène qui fait plaisir à découvrir dans le panorama du cinéma latino-américain actuel.