Alliés

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L’agent secret Max Vatan rencontre la résistante française Marianne Beausejour lors d’une périlleuse mission derrière les lignes ennemies en Afrique du Nord en 1942. Réunis à Londres, leur relation se verra menacée à cause des tensions liées à la Guerre.

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Casablanca

Le nouveau film de Robert Zemeckis (Forrest Gump, The Walk) nous plonge dans un monde empreint de douce nostalgie, malgré le contexte dans lequel le récit est campé. Un peu comme Le pont des espions , l'excellent film de Steven Spielberg, Alliés fait partie de ces films «comme on n'en fait plus». Évoquant clairement la grande époque du cinéma hollywoodien - et le glamour très assumé qu'on y associait -, Allied emprunte d'abord la forme d'un drame d'espionnage pour ensuite bifurquer du côté du drame sentimental. Avec, en son centre, un dilemme déchirant pour les protagonistes. Espion canadien recruté par les forces spéciales britanniques, Max Vatan (Brad Pitt) est, en cette année 1942, parachuté en plein désert marocain pour y effectuer une mission: assassiner l'ambassadeur nazi en poste là-bas. À Casablanca (clin d'œil au célèbre chef-d’œuvre de Michael Curtiz), il doit se rendre à un dîner et se faire passer pour le mari parisien de Marianne Beauséjour (Marion Cotillard), une espionne française recrutée dans la Résistance, qu'il n'a jamais encore rencontrée.
L'approche respective des deux espions envers leur mission reste très professionnelle, mais parce que c'est elle, parce que c'est lui, l'attirance mutuelle est indéniable. Et culminera en une (très belle) scène d'amour, réalisée d'une façon que n'auraient jamais pu se permettre les cinéastes de l'âge d'or hollywoodien. On pourrait croire qu'à partir de ce moment, tout irait pour le mieux. Le couple est rapatrié à Londres, fonde une famille là-bas, et mène une vie relativement paisible, malgré les bombes que les nazis laissent tomber sur la capitale britannique. Le destin fait pourtant des siennes le jour où Max est convoqué au quartier général. On lui apprend alors que la femme qu'il aime, mère de sa petite fille, ne serait peut-être pas tout à fait celle qu'elle prétend être. À cet égard, le scénario de Steven Knight (Eastern Promises, Burnt) se révèle plutôt habile. Même si la facture du film contribue à ne jamais faire oublier au spectateur qu'il est dans un monde de cinéma, l'émotion est au rendez-vous. Robert Zemeckis, qui affirme avoir toujours attendu la bonne histoire pour concrétiser son rêve de réaliser un jour un film sur la Seconde Guerre mondiale, n'a pas raté l'occasion. Sa réalisation, très soignée, est impeccable.
Alliés est aussi bien servi par ses deux vedettes. Magnifiés à l'écran comme les plus grandes stars d'antan, Marion Cotillard et Brad Pitt forment à l'évidence un très beau couple de cinéma. D'une certaine façon, le personnage qu'incarne l'actrice française, qui livre ici une autre magnifique performance, cristallise toutes les grandes héroïnes des années 40 et 50. Les similitudes entre Brad Pitt et Robert Redford n'ont par ailleurs jamais été aussi claires. Même charme, même autorité tranquille. Son personnage, Max Vatan, étant d'origine canadienne, l'acteur s'exprime souvent en français dans la version originale, mais il faut bien dire que sa maîtrise de la langue de Molière ne convaincra personne dans l'espace francophone. Dans la version française, réalisée à Paris, le doubleur attitré de l'acteur, Jean-Pierre Michaël, tente parfois quelques inflexions québécoises dans son langage, mais bon, on ne parlera pas ici de grande réussite.
On ne peut non plus passer sous silence un anachronisme flagrant dans le récit. Marianne remarque en effet tout de suite chez son interlocuteur «un fond d'accent québécois» et l'appellera «le Québécois» à quelques reprises. Or, les francophones du Québec se définissaient eux-mêmes à cette époque comme des Canadiens français. Ils se sont approprié leur identité nationale seulement 20 ans plus tard, au moment de la Révolution tranquille. Est-ce si difficile pour un studio de trouver un bon consultant pour ce genre de détails?
N'en faisons quand même pas tout un fromage. Ces petits écueils mis à part, n’en déplaise à la critique française qui a assassiné le film, Alliés est un très beau film.