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À la veille d’un vote pour entériner la construction d’un parc de loisirs à la place d’une forêt primaire, un maire de droite décomplexée essaye de corrompre son confrère écologiste. Mais ils se font piéger par un groupe de jeunes activistes féministes qui réussit à les coller ensemble. Une folle nuit commence alors pour les deux hommes, unis contre leur gré.

Vos commentaires et critiques :

 

Allez on ne va pas se raconter d’histoires, on a rarement l’occasion de rigoler franchement dans nos salles devant une comédie française… Alors le nouveau Delépine/Kervern, on l’attend un peu comme les premières cerises du printemps. Si on devait rester dans la comparaison cinématographique, on l’attend comme le nouveau Ken Loach, ou le nouveau Albert Dupontel, autres bonhommes qui partagent avec nos compères grolandais la caractéristique d’avoir leurs films toujours présentés sur nos écrans.
Didier Becquet (Jonathan Cohen) un maire de la droite décomplexée, fier de sa position sociale, mais aussi coureur impénitent et mari infidèle, qui déverse sur son malheureux chauffeur kabyle (agréable apparition de Hakim Amokrane, la moitié du groupe Mouss et Hakim et cofondateur de Zebda) ses avis sexistes et racistes. Et on va donc suivre Didier dont la difficile mission est d’embobiner Pascal Molitor (Vincent Macaigne), un maire écolo en tout point son opposé, intègre, pas cupide pour un sou… L’embobiner afin de le convaincre de voter pour la construction d’un parc de loisirs qui détruira une forêt primaire. Et voilà les deux compères qui, par des hasards invraisemblables, vont se retrouver collés (au sens propre) l’un à l’autre et obligés d’errer toute une nuit tels des siamois qui se détestent… Je ne vous raconterai rien des circonstances qui ont mené à cette incroyable situation pour ne pas gâcher votre plaisir…
Le génie de Benoît Delépine et Gustave Kervern est de cumuler différents types de comiques. Le comique de geste digne des grands burlesques, les deux personnages obligés de marcher à la queue leu leu créant des pantomimes dignes de Keaton ou de Laurel et Hardy. Le comique de situation, les deux compères sachant mieux que quiconque croquer des lieux absurdes comme ce bar intitulé le FMI, doux hommage à DSK, où des vieux notables en caleçon chantent sur un karaoké dont les seules paroles sont « hébé » répété à l’infini, entraînés mollement par des hôtesses désabusées. Mais aussi une satire sociale et politique acide, qui n’épargne personne, ni le droitard cynique et démagogique, ni l’écolo hors-sol dans sa petite voiture électrique ridicule qui n’a pas assez d’autonomie… avec au bout du compte un sévère appel à se réveiller politiquement à quelques semaines des élections. Mais il y a surtout une brochette de rôles secondaires et d’acteurs jubilatoires : Yolande Moreau en mère maquerelle du FMI, Gustave Kervern en patron de restaurant dépressif, François Damiens en patron de diner à l’américaine triste de la défaite de Trump, India Hair géniale en pasionaria féministe un peu trop déterminée. Quant aux deux nouveaux de la bande qui incarnent les rôles principaux, ils sont fabuleux, tant Jonathan Cohen (connu par beaucoup grâce à ses sketchs de Serge le Mytho sur youtube et son rôle dans la série parodique La Flamme), que Vincent Macaigne, parfait en écolo gentiment mélancolique.