Ghost Song

Vous aimez ce film, notez le !
Personne n'a encore voté pour ce film !
Houston, Texas. Alors qu’un ouragan s’annonce, Alexandra, Will et Nate se battent pour survivre dans une ville qui semble dévorer aussi bien les gens que les rêves. Dans cette atmosphère suspendue dans le temps, ces personnages vivent leur vie entre musique, hallucinations et espoirs de rédemption.

Vos commentaires et critiques :

On ne compte plus le nombre de documentaires sur les grandes villes américaines que sont New York, Los Angeles ou Detroit, épicentres des histoires migratoires, politiques et culturelles du Nouveau Monde. Pourtant aujourd’hui, c’est probablement en regardant plus vers le sud des États Unis que l’on peut prendre le pouls de cette nation. Houston au Texas, la ville qui a vu naître George Floyd, Beyoncé ou encore Wes Anderson, est tout à fait représentative de ce phénomène.
C’est là que le réalisateur français Nicolas Peduzzi a posé sa caméra en 2019. Au hasard de ses déambulations nocturnes, portées par les lumières et les sons de la ville, il rencontre trois personnages étonnants. D’abord, la rappeuse OMB Bloodbath, ex-cheffe de gang, qui tente de se cacher depuis le décès récent d’un ami proche. Puis William et Nate, issus d’un milieu aisé, qui trainent dans les rues, consumés par leurs addictions et leurs démons familiaux. Tous les trois rôdent dans cette ambiance crépusculaire comme des fantômes sur l’asphalte. Au loin, des éclairs déchirent le ciel. Un ouragan menace la ville. Autour d’eux flotte un parfum apocalyptique et la musique, rap, classique ou folk, apparaît comme la seule échappatoire. On plonge alors dans Ghost song comme dans un voyage nocturne peuplé de sons et de losers magnifiques.
Il y a quelque chose de profondément symphonique, épique et mélancolique à la fois dans l’atmosphère du film, dans la manière dont la musique irrigue la rage sourde et dope l’énergie folle de ces exclus dont l’ouragan menace d’effacer les traces de leur passage sur Terre. Comme un acte de résistance à ce monde en perdition, le film se glisse dans la très mince frontière entre le documentaire et la fiction, et hypnotise par son montage poétique enlevé. Parions que le visage et la fougue de Bloodbath ne vous quitteront pas de sitôt et que la scène de joute improvisée à la guitare par Will et son oncle fera date. C’est aussi ça, un film : une scène ahurissante, un détail qui dit le tout.
« Je voulais d’abord parler de Houston et par extension de ses habitants. Le hasard a donc fait que je rencontre les personnages de Will, Nate et Bloodbath et je trouvais que leurs histoires résonnaient assez bien. Ils avaient tous les trois un rapport particulier à la musique. C’était pour eux une façon d’exister et de faire face aux fantômes de leur passé, à leur exclusion. Pour moi, cette musique et la perte violente de leurs amis, la mort omniprésente à travers les gangs ou les addictions, étaient des événements qui surgissaient de cette ville. Une ville très conservatrice, qui rejette en bloc tout ce qui est artistique ou en marge, tout ce qui est différent et qui ne rentre pas dans les cases normées. » (Nicolas Peduzzi)