Anatolia

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Yusuf et son meilleur ami Memo sont élèves dans un pensionnat pour garçons kurdes, isolé dans les montagnes de l'Anatolie orientale. Lorsque Memo tombe mystérieusement malade, Yusuf est contraint de surmonter les obstacles bureaucratiques dressés par la direction autoritaire et répressive de l'école pour tenter d'aider son ami. Mais, au moment où les adultes comprennent enfin la gravité de l'état de Memo et essaient de l'emmener à l'hôpital, l'école a été ensevelie sous une tempête de neige. Coincés, dans l'impossibilité d'obtenir de l'aide, les enseignants et les élèves se rejettent la balle. Rancunes, sentiments de culpabilité et secrets cachés émergent, alors que le temps passe inexorablement et menace d'emporter Memo.

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Le deuxième long-métrage du réalisateur turc Ferit Karahan, Anatolia, a été présenté en avant-première dans la section Panorama de la Berlinale. Le film, dont l’action se déroule au cœur d’un pensionnat pour jeunes garçons kurdes dans la région de l’Anatolie orientale, explore les questions de la cruauté et de l’autorité.
Notre héros a 11 ans et il se prénomme Yusuf (Samet Yıldız). Il a pris sous son aile le timide et craintif Mehmet alias Memo (Nurullah Alaca), son ami, et il le protège dans l’univers impitoyable de l’école au sein de laquelle chacun, y compris le directeur, les enseignants et les intendants est malmené et malmènent les autres. Mémo tombe malade après avoir été puni pour indiscipline sous la douche et il est obligé de se baigner dans de l’eau froide alors que la température extérieure affiche -35 degrés. Mais il n’y a ni infirmière ni docteur dans les environs. L’école ne dispose que d’une infirmerie, où l’un des élèves les plus âgés distribue de l’aspirine. Memo a perdu connaissance et il faut du temps à Yusuf pour convaincre l’un des enseignants, Selim (Ekin Koç), que le jeune garçon a vraiment besoin d’assistance. À ce moment-là, il y a tellement de neige dehors qu’il n’est pas possible de se déplacer en voiture, et le chauffeur du minibus de l’école a été missionné pour aller chercher du fromage. La couverture mobile dans cette région montagneuse reculée est mauvaise, et lorsque le directeur (Mahir İpek) parvient enfin à joindre les secours, il n’y a plus d’ambulances disponibles. Dans la salle austère, commence alors un jeu de reproches entre le directeur, les enseignants, les intendants et les élèves autour du brancard sur lequel Memo est allongé, inconscient.
Karahan exprime et présente avec habileté la culture de la cruauté inhérente à cette société. Le directeur corrompu tyrannise les enseignants et le personnel, qui à leur tour tyrannisent les élèves. Ces derniers reproduisent cette violence entre eux. Ils ont tous grandi dans des familles où les dirigeants politiques et religieux ont démontré, au fil des générations, que le moyen d’affirmer sa domination voire de survivre était d’être plus fort, plus violent, et plus cruel que les autres. Et tout en haut, nous trouvons la répression de la minorité kurde en Turquie.
Techniquement, le film est assez impressionnant. Filmer des dizaines de jeunes garçons dans un endroit isolé et dans de telles conditions météorologiques n’a pas dû être chose facile. Notamment les deux scènes qui ont demandé un énorme effort pour coordonner les enfants et gérer la mise en scène. Le travail de placement et de déplacement de la caméra de l’excellent directeur de la photographie, Türksoy Gölebeyi a également dû être compliqué.
Le jeune Yıldız, qui interprète Yusuf, a une présence exceptionnelle avec ses yeux tristes et ses mouvements fluides. Mais la scène où il doit appeler sa mère et n’a personne à qui donner la réplique, montre les limites du jeu amateur. Le sol glissant de la salle d’infirmerie apporte une touche d’humour burlesque qui pourrait faire sourire, mais la situation de ce jeune garçon allongé sur un brancard, potentiellement entre la vie et la mort, rend cela de mauvais goût.