L'Esprit des lieux

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Héritier d’une pratique paternelle, Marc consacre l’essentiel de son temps à sa passion : « Je vis au pays des sons ». Cette quête existentielle l’a conduit à s’enraciner à la lisière d’un massif forestier, dans les Vosges, et à y fonder famille. À la tombée du jour, il camoufle ses micros dans un sous-bois, déclenche la prise de son, puis s’éloigne jusqu’à se fondre dans la nature. Toute la nuit, le dispositif capte des ambiances sonores : souffles, cris, chants, grattements... De retour en studio, dans le sous-sol de sa maison, Marc écoute les enregistrements afin d’en extraire les pépites. Curieuse et intriguée par ses activités nocturnes, sa fille Lucie manifeste l’envie de l’accompagner. Elle est souvent la première auditrice des tableaux sonores que crée son papa. Son travail commence à faire parler de lui, dans les écoles, les milieux artistiques, la scène musicale… Bientôt, un compositeur, Christian Zanési, lui propose de collaborer à la création d’une pièce de musique électroacoustique.

Vos commentaires et critiques :

Chasseur inlassable de son, transmetteur infatigable, Marc Namblard illumine de sa présence le documentaire de Serge Steyer et Stéphane Manchematin. Si tout, dans sa manière de se mouvoir (à pas feutrés) comme dans son registre d’expression (pas un mot au-dessus de l’autre) le rapproche de monsieur tout-le-monde, quelque chose en lui habite cependant l’espace d’une façon singulière. Sa quête des sons s’apparente, tout au long du film, à une remarquable et fascinante quête du sens, dans un monde polyphonique qui ne s’offre qu’à un esprit doué d’écoute. Écoute dans laquelle Marc excelle, comme un funambule au milieu du chaos, passant par des gestes de danseur (ou de chat, c’est selon), tantôt pour installer des micros et les faire grimper au sommet d’une canopée pour capter les singes hurleurs, tantôt pour marcher doucement sur des feuilles sans modifier l’ordonnancement du monde, tantôt pour accompagner le sourire de sa fille, sur ses genoux pendant ses séances d’écoute où chaque clic sur la souris amène un nouveau son comme un vieil objet tiré d’une malle à trésors.
À partir de 90 minutes intenses, L’Esprit des lieux insuffle un bien-être étrange, mâtiné de rêves esquissés, d’une ouate auditive apaisante et stimulante, de gestes d’une quotidienneté absolue qui se marient avec des moments d’exception, au milieu de la forêt en Guyane française ou dans les environs de la maison de Marc, Mylène et leurs deux filles. La vie de famille, ponctuée d’instants de partage où le son trouve une place centrale, ne s’oppose pas aux nuits passées, casque sur les oreilles, yeux clos, au milieu des cerfs qui brament après l’installation minutieuse des micros. L’aventure au bout du sentier des forêts vosgiennes : c’est la vie, en apparence banale, d’un passionné combinant sans relâche travail et plaisir, écrivant sa propre généalogie dans la texture spécifique de ses sons, qu’il transmet comme un pédagogue hors pair à sa fille…

(N. Bole, leblogdocumentaire.fr)