Une femme heureuse -12

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Tara est une jeune mère qui vit dans la banlieue de Londres. Femme au foyer, elle passe ses journées à s’occuper de ses enfants, de la maison et à attendre le retour de son mari le soir. Cette vie calme et rangée lui pèse de plus en plus, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus supporter sa situation. Elle commence à se promener dans Londres, redécouvre le plaisir de s’acheter des livres, et songe à suivre des cours d’art. Son mari Mark, qui travaille dur chaque jour, ne comprend pas ses nouvelles envies. Tara prendra sur elle jusqu’au jour où, acculée, elle pensera à changer de vie.

Vos commentaires et critiques :

C’est une femme au foyer comme tant d’autres, qui se maquille et s’examine avec attention dans le miroir avant d’attraper son sac à main, qui chaque matin regarde son mari partir au travail avant d’aller elle-même emmener ses très jeunes enfants à l’école, puis faire les course à l’hypermarché, rentrer à la maison, se lancer dans un brin de ménage et éclaircir le chaos de jouets laissé dans son sillage par sa progéniture à l’intérieur et dans le jardin du pavillon de grande banlieue londonienne où elle habite. C’est une femme aimée à la va-vite par son homme qui n’est pas un mauvais bougre, mais qui ne prête pas (ou plus) attention aux désirs de sa compagne. C’est une femme malheureuse, qui commence à étouffer et qui cherche désespérément une issue de secours, à lever le voile sur qui elle est vraiment. Tel est le personnage totalement universel et le nœud de l’intrigue de l’attachant The Escape de Dominic Savage, projeté dans la section Playtime du 9e Festival de Cinéma Européen des Arcs après une première mondiale à Toronto.
"Tu es une mère formidable, une épouse formidable, tu es belle". Quand Mark (Dominic Cooper) se rend compte à quel point sa femme est enfoncée dans la dépression, il est déjà trop tard. Car Tara (Gemma Arterton) est déjà passée en solitaire par les crises d’angoisse aux abords de la maternelle, par les larmes silencieuses au lit, et par l’explosion d’une agressivité inédite à l’égard de ses enfants Teddy et Florrie (qui ont environ trois et cinq ans). Comme extérieure à sa propre existence, elle observe les reflets d’elle-même, ces autres mères déchargeant des caddies bondés dans leurs voitures, sur le parking du supermarché. "C'est juste une phase, tu vas la passer. C'est ça, la vraie vie ! Qu'est-ce que tu peux y faire ?" analyse sa propre mère, appelée à la rescousse. Tara tente bien de s’aérer à Londres et s’emballe sur un livre contenant une reproduction de La Dame à la licorne, une tapisserie du début du XVIe siècle retraçant le voyage initiatique d'une femme avec sa devise : "A mon seul désir". Mais le rêve de reprendre des études d’art fait long feu et soudain, un matin, Tara plaque sa famille et part pour Paris. Que fera-t-elle de cette nouvelle liberté ? Comment affrontera-t-elle son sentiment aigu de culpabilité ? Découvrira-t-elle qui elle est vraiment ?
Filmé comme une captation presque volée des moindres inflexions de l’âme blessée de sa protagoniste avec une caméra très mobile, The Escape s’impose comme un film indéniablement personnel. Dominic Savageréussit à mêler avec une grande sensibilité un récit dans la tradition du réalisme social anglais avec une approche formelle quasi aérienne et impressionniste, aussi bien à travers sa mise en scène que grâce au travail de Laurie Rose à la direction de la photographie et d'Anthony John et Alexandra Harwood à la musique. Une alliance entre pesanteur et légèreté qui opère avec charme et qui doit également énormément à une Gemma Arterton portant avec charisme et sans fausse pudeur un long métrage éminemment féministe dont les enjeux quotidiens et existentialistes résonneront intiment au cœur du public.