La Chambre d'en face

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Lily et Max sont mariés depuis plus de 50 ans. Ils vivent désormais tous les deux dans une maison de retraite, car Max a besoin d’une assistance médicale constante depuis son attaque cérébrale. Quand un homme surnommé “Le pilote” emménage dans la chambre d’en face, Lily tombe très vite sous son charme et son appétit de la vie. Incomprise par ses enfants et se sentant prisonnière de sa vie avec Max, Lily décide de s’évader de cette prison invisible et d’afficher sa liberté.

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Love story

C'est un sujet universel qui nous a concernés, qui nous concerne, qui nous concernera tous à un moment ou à un autre : que faire de nos derniers élans amoureux ou sensuels au crépuscule de notre vie, pour parler fleuri ? Les étouffer au nom de la raison, de la résignation qui paraît-il viennent avec l'âge ? Ou au contraire braver les conventions qui voudraient rendre asexués les hommes et les femmes abordant la dernière partie du parcours ? C'est la question que pose, avec délicatesse mais sans faux semblants, ce très joli film danois.
Son héroïne, Lily, mariée depuis très longtemps (cinquante ans !) à un homme devenu invalide, a mis ses désirs de côté et le couple, réuni dans une maison de retraite, vit au rythme des soins prodigués à Max, victime d'une attaque cérébrale qui l'a laissé immobile et sans presque aucune possibilité de communiquer. Pourtant Lily tente de faire comme si, et quand une visite de la famille est annoncée, ou que l'anniversaire de Max approche, elle met un point d'honneur à préparer son mari, à le faire beau, pour que les visiteurs n'aient pas un mouvement de recul à sa vue, pour lui assurer une fête d'anniversaire comme avant…
Mais quand vient s'installer, dans « la chambre d'en face », un nouveau et truculent pensionnaire, que l'on surnomme le pilote, le cœur et les sens de Lily vont défaillir. Et malgré les regards obliques des autres pensionnaires – ils sont surtout jaloux ! –, malgré la réprobation de ses proches à qui elle annonce tout de go sa liaison, Lily va vivre pleinement ce qui sera sans doute son ultime histoire d'amour. Comme si elle venait d'avoir dix-huit ans !
Le cinéaste danois Michael Noer s'était jusqu'ici fait remarquer par des films de genre, un peu dans la lignée d'un Nicholas Winding Refn. On avait d'ailleurs programmé son excellent film de prison, laconiquement titré R. Autant dire qu'on ne l'attendait pas dans ce registre sensible et délicat… C'est en fait une histoire très personnelle qui l'a poussé à écrire La Chambre d'en face. Il avait fait – un peu trop rapidement – un serment à sa grand-mère de quatre-vingt-dix ans : celui de ne jamais la faire admettre en maison de retraite… C'est parce qu'il n'a pas pu tenir ce serment, c'est parce qu'il s'est senti coupable de ne pas l'avoir tenu qu'il a voulu raconter cette histoire, avec le plus de justesse et de sincérité possibles.
C'est donc une histoire d'amour, une vraie, passionnée, charnelle, avec ses moments torrides, ses espoirs, ses promesses et ses petites déceptions. Et à travers elle, Michael Noer interroge évidemment le sort qu'on réserve aux personnes âgées dans nos sociétés développées, la propension de déléguer la fin de vie à d'autres, à des professionnels, le recours pas toujours justifié à la maison de retraite, souvent plus confortable pour les enfants que pour les parents. Le film ne jette la pierre à personne, il constate, il questionne, sans lourdeur démonstrative, avec au contraire une énergie qui tient beaucoup aux deux personnages principaux et à leurs interprètes, peu connus chez nous mais très célèbres en Scandinavie :  Ghita Nørby et Sven Wollter sont merveilleux, leur soif de vivre est communicative.