Compte tes blessures

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Vincent n’est pas arrivé au tiers de sa vie qu’il a déjà tatoué la moitié de son corps et endurci sa voix avec son groupe de post-hardcore. Depuis la mort de sa mère, il partage son existence entre Bastille et Porte de Clignancourt, entre un boulot de perceur qui ne l’enchante guère et un père poissonnier qui tente de refaire sa vie avec une femme plus jeune. Et ça le rend malade.

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Père et fils

Au premier plan la relation compliquée entre un père et un fils. En toile de fond la scène musicale alternative. Pas facile mine de rien de réaliser un premier long métrage avec cette double focale. Pas facile de mêler la sensibilité intimiste et l'énergie brute. Morgan Simon, à la fois scénariste et réalisateur, s'en sort haut la main, bien épaulé par une distribution sans faille. Kevin Azaïs est formidable, récompensé d'ailleurs dans plusieurs festivals pour ce rôle, Mona Chokri est comme toujours impeccable, et on découvre un étonnant comédien anglo-saxon, Nathan Wilcoks. D'une sincérité évidente, le film est extrêmement touchant, toujours sur le fil du rasoir sans jamais tomber dans le mièvre ni dans la surenchère émotionnelle.
Vincent a vingt quatre ans et vit chez son père qui se lève aux aurores pour faire les marchés. Sa mère est décédée et son absence est palpable, son deuil inachevé. Vincent chante à s’en casser la voix dans un groupe de post-hardcore (genre musical à mi-chemin entre le punk et le rock). Son corps est couvert de tatouages témoignant de souvenirs marquants ou de paris idiots… C’est une culture, un moyen de transgresser les règles et d’affirmer sa singularité. Un soir, Vincent apprend que son père a une nouvelle petite amie. Un choc. À partir de là, puisqu'il est au courant, plus besoin de se cacher et Julia intègre petit à petit l’appartement familial. Les tensions se cristallisent entre père et fils, pendant qu'une complicité – voire un peu plus – s’installe entre Julia et Vincent…
Sur son torse, Vincent a tatoué Count your blessings, expression anglaise qui signifie « compte tes bienfaits dans la vie »… Le titre du film nous annonce le contraire. La vie est un combat et certaines épreuves sont plus douloureuses que d’autres. Les non-dits deviennent des stigmates ancrés profondément. Compte tes blessures, c’est l’histoire d’un père et d’un fils qui n’arrivent plus à communiquer. Les maladresses accumulées se transforment en frustration, en violence retenue. Lorsque ça explose, c’est de méchanceté crasse dont chacun fait preuve face à l’autre. Le film raconte ainsi le parcours de Vincent vers une forme d’indépendance, une émancipation non pas matérielle mais affective vis-à-vis de son père.