Gueule d'ange TP

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Une jeune femme vit seule avec sa fille de huit ans. Une nuit, après une rencontre en boîte de nuit, la mère décide de partir, laissant son enfant livrée à elle-même…
  • Titre original : Gueule d'ange
  • Fiche mise à jour le 24/05/2018
  • Classification : Tous publics
  • Année de production : 2017
  • Réalisé par : Vanessa Filho
  • Acteurs principaux : Marion Cotillard, Ayline Aksoy-Etaix, Alban Lenoir
  • Date de sortie : 23 mai 2018
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Mars Films
  • Distributeur international : Playtime
  • Durée : 110 minutes
  • Origine(s) : France
  • Genre(s) : Drame
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 2.39 Scope
  • Format son : 5.1
  • Visa d'exploitation : 142052
  • Indice Bdfci :
    67%

Vos commentaires et critiques :

CANNES 2018: UN CERTAIN REGARD

Mal de mère

La genèse du premier long métrage de Vanessa Filho ressemble à un conte de fées. “Ce projet m’était si vital, raconte-t-elle, qu’il fallait que je tienne bon malgré les obstacles et les difficultés dont la force m’a parfois  ébranlée. J’ai persévéré car il n’existait pas pour moi d’alternative. Je devais raconter cette histoire qui me bouleversait et résonnait chez moi de manière très  personnelle, avec des émotions profondes, même s’il  s’agissait d’une fiction. Dans cette aventure, au cours des années  nécessaires pour mener à bien ce projet, j’ai toujours été soutenue et accompagnée par Carole Lambert, puis aussi par Marc Missonnier.” C’est avec les réalisateurs  Diastème (Un Français) et François Pirot (Mobile Home), intervenu comme consultant, que la réalisatrice a développé ce script, situé dans une  station balnéaire hors saison, dont elle dit qu’il “parle d’amour et de tous les sentiments qui le font absent, l’affectent et qui rendent mon héroïne dépendante. Mais c’est aussi un film sur la renaissance. Marlène et Elli sont deux solitudes qui cherchent leur place : leur détresse contribue aussi à leur isolement”. Un sujet qui a suscité un authentique coup de cœur de Marion Cotillard envers son personnage pour lequel elle dit s’être “ inspirée de trois filles que je connais et de deux autres que je ne connais pas personnellement”, cette mère autodestructrice apparaissant moins mûre que sa fille de huit ans (l’impressionnante Ayline Aksoy-Etaix). Elle décrit joliment Vanessa Filho comme “un petit ange poétique totalement habité par son sujet, avec dans les yeux le besoin vital de faire du cinéma”. Mars Films distribuera Gueule d’ange dès le 23 mai.

C'est l'histoire de Marlène et de Gueule d'ange. Une mère qui élève seule sa fille de huit ans qu'elle n'appelle que par ce surnom. Une relation forte, mais compliquée, déglinguée par le comportement erratique d'une jeune femme qui a du mal à assumer sa maternité, ses affaires de cœur, sa vie…
Quand on découvre Marlène, on devine qu'elle rentre tard d'une fête et qu'elle a célébré, en buvant plus de raison, quelque chose d'important. « J'ai assuré, j'ai assuré ! » répète-t-elle à sa fille, comme si elle avait passé un entretien et qu'elle avait décroché un boulot. En fait elle a trouvé un nouveau mec, elle va se marier. Pendant la préparation de la cérémonie, la tension est palpable, la mariée est fébrile, c'est normal. Après tout c'est sa cinquième chance de trouver l'homme de sa vie, comme elle le dira au cours du repas, dans une scène étonnante, remarquablement écrite, qui aurait sûrement été hilarante si la réalisatrice n'avait pas réussi à faire poindre les signaux du naufrage qui va immanquablement arriver.
On sent bien que Marlène n'est pas une mauvaise personne : elle aime sa fille, elle le lui dit et c'est sans aucun doute sincère, elle ne se rend pas compte à quel point la vie qu'elle lui fait mener peut être déséquilibrée, angoissante, périlleuse… C'est une nana paumée comme il y en a certainement des milliers, avec un horizon culturel limité aux émissions de télé-réalité débilitantes. Des filles grandies dans les années 1990 et 2000, durant lesquelles des générations de gamines – n'oublions pas les gamins pour autant – se sont fait farcir le cerveau de l'idée que chacun pouvait du jour au lendemain mener la vie d'une certaine jet set relatée dans des feuilles de choux plus ou moins à scandale. Et ce uniquement parce qu'elles avaient un joli minois et un corps idoine. En deux mots, parce qu'elles avaient un look de bimbo. C'est un peu ça Marlène, l'alcool en plus, à forte dose. Dans des milieux plus aisés, elle aurait pris de la cocaïne, c'est plus chic… Et puis un soir, Marlène disparaît sans prévenir et laisse sa fille se débrouiller, seule. Commence alors pour la gamine une période d'errance qui va révéler son incroyable énergie, sa force vitale…
Vanessa Filho signe un premier film fort, tendu et poignant, photographié magnifiquement par Guillaume Schiffman. Elle offre aussi à Marion Cotillard la possibilité d'une performance hors norme qui, s'il en était encore besoin, confirme son immense talent.