Tokyo fiancée

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La tête pleine de rêves, Amélie 20 ans revient dans le Japon de son enfance. Pour gagner sa vie, elle propose des cours particuliers de français et rencontre Rinri, un jeune japonais passionné de langue française. Entre surprises, bonheurs et déboires d'un choc culturel, elle découvre un Japon qu'elle ne connaissait pas

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Japoniaiseries

À 20 ans, Amélie revient au Japon, sa terre natale, où elle a vécu jusqu'à l'âge de 5 ans, et dont elle a été arrachée par les aléas certes confortables mais parfois déchirants de la vie d'une fille de diplomate. Amélie se considère en exil en Europe et quand elle revient au Japon au sortir de l'adolescence, elle est bien décidée à conquérir une identité authentique de japonaise parfaitement assimilée. Mais pour gagner sa vie, elle n'a comme seule ressource que d'enseigner le français…

Sa petite annonce ne trouve d'écho que chez un seul étudiant, Rinri, le fils d'une famille riche qui semble plus décidé à jouer les guides du Tokyo caché que de suivre assidument les cours d'Amélie. Elle s'y résout, découvrant ainsi un Japon qu'elle ne connaissait évidemment pas enfant. Et rapidement, ce qui devait arriver arrive, Amélie et Rinri deviennent amants, dans une relation à la fois passionnée et distante car, comme le dit avec détachement la jeune femme : « je suis bien avec lui et je suis aussi bien sans lui ».

C'est doux, drôle et gentiment cruel comme bien des choses dans le Japon contemporain. Le récit juste ce qu'il faut d'acide, juste ce qu'il faut de sucré, des péripéties sociologiques et sentimentales d'une toute jeune belge à Tokyo. Un joli film très kawai comme on dit là-bas pour désigner tout ce qui est très mignon et plaît généralement aux filles. La demoiselle d'Outre-Quiévrain est directement tirée du roman 100% autobiographique de la romancière Amélie Nothomb. Les prénoms n'ont d'ailleurs même pas été changés : Amélie dans la vie, Amélie dans le roman, Amélie dans le film.

Tokyo fiancée est extrêmement fidèle au livre d'Amélie Nothomb, à l'exception de son climax qui inclut le tsunami, survenu durant la préparation du tournage. Mais s'ils évoquent les atermoiements sentimentaux d'Amélie et l'étonnante relation qu'elle noua avec Rinri, observant avec malice les différences culturelles importantes dans les comportements amoureux, l'intérêt du livre et du film est ailleurs. Tokyo fiancée décrypte avec gourmandise la découverte par Amélie, parfois déboussolée, d'un Japon contemporain pétri de paradoxes et de rencontres des extrêmes. Un Japon du secret (Rinri fait d'ailleurs partie d'une cocasse société secrète de boutonneux fans de la culture française où Amélie est amenée à donner une conférence) et de la réserve quant à l'expression des sentiments (Rinri en passerait presque pour un personnage falot) alors que les fantasmes les plus extrêmes se déballent dans les caves des bars de Shinjuku. Un Japon urbanisé et futuriste alors qu'à quelques encablures de Tokyo, en grimpant sur les pentes du Mont Fuji, on peut découvrir des paysages magnifiques et inchangés et qu'on peut se baigner dans des bassins d'eau chaude à flanc de montagne.

Mais ce qui fait le charme ultime de Tokyo fiancée, c'est l'interprétation tout en angélisme décalé de Pauline Etienne, jeune actrice au visage enfantin, révélée par son compatriote Joachim Lafosse dans Elève libre et vue plus récemment dans La Religieuse, de Guillaume Nicloux, ou Eden, de Mia Hansen Love.