Colonia

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Chili, 1973. Le Général Pinochet s’empare du pouvoir par la force. Les opposants au coup d’Etat descendent dans la rue. Parmi les manifestants, un jeune couple, Daniel photographe et son amie Lena. Daniel est arrêté par la nouvelle police politique. Il est conduit dans un camp secret, caché dans un lieu reculé au sein d’une secte dirigée par un ancien nazi. Une prison dont personne n’est jamais sorti. Pour retrouver son amant, Lena va pourtant rentrer dans la Colonia Dignidad.

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Colonia Dignidad

Paré des atours (scènes volontiers spectaculaires, distribution internationale, d'où le tournage en anglais) d'un excellent film d'aventures historiques, Colonia nous fait découvrir un épisode très peu connu de l'histoire du Chili. Et c'est tout à fait passionnant.
« Colonia Dignidad », tel est le nom d'une sinistre colonie agraire sectaire créée au Chili dans les années 60 par un pasteur allemand, ancien brancardier pour la Waffen SS… En 1973, avec le coup d'État de Pinochet, Colonia Dignidad deviendra un précieux auxiliaire de la machine de répression en faisant office de prison secrète et de centre de torture.
Quand l'intrigue commence, nous sommes encore dans l'effervescence des mille jours de la révolution d'Allende, et Daniel, jeune photographe allemand largement impliqué dans la communication du jeune régime, coule le parfait amour avec l'aventureuse Lena, une jeune hôtesse de l'air de la Lufthansa. Tout bascule dans la foulée du coup d'État : Daniel est arrêté et enfermé à la Colonia Dignidad. Lena n'aura de cesse de le retrouver, allant jusqu'à se faire passer pour une jeune Allemande en quête de repères religieux et moraux pour intégrer la communauté. Elle va découvrir l'envers du décor de cette étrange secte où le labeur obligatoire frise l'esclavage, où hommes et femmes sont strictement séparés, confrontés seulement en de très rares occasions. Un monde où le gourou Paul Schäffer règne en maître, exerce une autorité sadique sur les femmes… et on devine assez vite que les plus beaux jeunes garçons sont victimes des attentions du maître. Un monde qui prospère avec la complicité du pouvoir de Pinochet, mais aussi avec la complicité de l'ambassade d'Allemagne, guerre froide et anciens nazis toujours aux affaires obligent.
Comme annoncé d'entrée de jeu, le film choisit clairement un récit classique avec personnages forts favorisant l'identification, rebondissements, suspense dans l'espoir d'un dénouement positif… Mais le fond n'est jamais phagocyté par la forme et le cinéaste allemand Florian Gallenberger, qui s'est longuement et précisément documenté sur le sujet, restitue parfaitement l'ambiance mortifère et ubuesque de la Colonia Dignidad, ses rituels sadiques, sa tension permanente. Et montre sans ambiguité que la secte bénéficiait d'une incroyable impunité, non seulement au Chili mais aussi au niveau international.
On ne vous racontera pas l'épilogue, tout ce qu'on peut dire – qui ne manque pas d'être ahurissant – c'est que la Colonia Dignidad prospéra jusqu'au début des années 1990 et que son terrible gourou ne finira par être jugé qu'au début des années 2000 !